<19>perfectionner la nature. On se poste à un quart de mille en arrière ou en avant; on retire une aile, on avance l'autre, ou l'on fait sortir le centre; enfin on se retourne de cent façons, pour obtenir d'un terrain donné tous les avantages qu'il peut procurer. Mais il faut de l'activité pour tout voir, et du génie pour profiter de tout; cela demande nécessairement qu'un officier soit intelligent et laborieux.
On trouve souvent des monticules proche d'un camp; ils tentent de les occuper. Mais c'est alors qu'il faut bien raisonner pour se déterminer si on les occupera ou non, comme je l'ai fait voir dans l'article précédent, en donnant un échantillon de la manière dont il faut juger d'un terrain.
ARTICLE XIV. DE CE QU'IL FAUT OBSERVER DE PLUS, EN PRENANT UN CAMP, POUR LES CHEMINS ET LES POSTES DÉTACHÉS.
Toutes ces règles que je viens de donner ne suffisent pas encore; il faut surtout bien faire reconnaître les chemins qui viennent au camp, parce que c'est par ces endroits que l'ennemi doit s'avancer vers vous; c'est sur cette connaissance qu'on règle les gardes du camp et les patrouilles que l'on emploie pour battre l'estrade.
Dans des camps de plaine, il faut nécessairement avoir un corps de troupes légères qu'on pousse en avant, que l'on met derrière quelque défilé, pour observer l'ennemi. Il est aussi de la prudence d'avoir des détachements moins nombreux sur ses flancs, pour ne point être surpris. Une armée doit être comme une araignée, qui tend ses filets de tous côtés, et qui, par leur ébranlement, est incessamment avertie de ce qui se passe.
Mais, je le répète encore, ces connaissances théoriques ne servent de rien, si l'on n'y ajoute pas une certaine pratique. Il faut s'exercer à choisir des terrains, à faire des dispositions, il faut réfléchir sur cette matière, et alors la théorie, réduite en