<27>accommoder, pour que l'ennemi soit certainement battu, s'il vient vous y attaquer. Je suppose même votre armée plus faible d'un tiers que la sienne.

Je dis donc que, par un tel camp, vous empêchez l'ennemi de passer la rivière, parce que, s'il marche à droite ou bien à gauche pour la passer, il est obligé de vous abandonner ses vivres et ses magasins qu'il a derrière lui, ce que certainement il ne fera pas. Que lui reste-t-il donc à faire? Il tâchera sans doute à faire passer la rivière à quelque détachement; mais ce détachement est obligé de décrire un demi-cercle pour passer, et vous, vous enverrez un détachement en ligne directe par votre pont, qui, se portant du côté où l'ennemi veut passer, pourra très-bien le battre en détail. Si cependant toute l'armée ennemie voulait passer à votre droite ou à votre gauche, par un mouvement simple, vous n'avez qu'à vous portera leur dos, et profiter de l'affreuse confusion où votre approche les mettra. Ce projet est simple, il vous délivre d'inquiétude, et concentre toutes vos idées sur le même point. Le plan ci-joint, no XXVII, jettera plus de lumière sur ce sujet que tout ce que je pourrais encore y ajouter.

ARTICLE XXIV. DES PASSAGES DE RIVIÈRES.

Je ne toucherai que les points principaux de cet article. Si vous voulez passer une rivière, occupez des hauteurs qui commandent l'autre bord, établissez des batteries à cinq ou six cents pas à droite et à gauche de l'endroit où vous voulez construire votre pont. L'avant-garde, qui doit couvrir le pont, doit avoir des chevaux de frise avec elle, derrière lesquels elle se poste, parce qu'elle n'a pas le temps de faire un bon retranchement; que les troupes qui passent appuient toujours leurs deux ailes à la rivière, jusqu'à ce que toute l'armée aura passé. On observe les mêmes règles lorsqu'on veut repasser une rivière. Au côté que vous voulez abandonner, vous faites un grand retranchement, et dans celui-là, vous faites des têtes de pont pour vous couvrir;