<90>il ne traite plus la guerre qu'en bagatelle, il ne se croit plus dans le cas de suivre rigidement les règles de l'art, il se détermine sans réflexion, il agit à la légère, et il vous fournit lui-même les occasions que vous ne devez pas laisser échapper pour regagner sur lui l'ascendant qu'une journée malheureuse vous a fait perdre. Si vous vous apercevez que la sécurité endort l'ennemi, c'est à vous de l'augmenter, car elle est le précurseur des désastres qui l'attendent. Enfin, tendez-lui des piéges de toutes les manières, pour que, s'il ne tombe pas dans les uns, il n'échappe pas aux autres; feignez de vouloir vous retirer devant lui, tâchez de lui faire faire quelque faux mouvement, et profitez sans perte de temps de ses moindres négligences. Si vous êtes plus faible que l'ennemi, et que vous attendiez des secours, vous commettriez une imprudence impardonnable, si vous hasardiez la moindre entreprise avant que les secours vous eussent joint; car vous risquez de perdre par votre impatience les avantages que ces secours vous procureraient sûrement, si vous leur donniez le temps de vous joindre. Ce n'est donc que dans des cas pareils où le général doit se restreindre à la défensive selon la rigidité du terme.

Résumons donc à présent les maximes générales que nous venons d'établir pour les différents genres de guerres dont nous venons de parler, afin d'avoir en raccourci des règles pour les projets de campagne, selon les situations où l'on se trouve.