ARTICLE XIX. DES ATTAQUES DES HAUTEURS.
Les attaques des hauteurs sont tout ce qu'il y a de plus difficile à la guerre, parce qu'un ennemi habile occupe son terrain de façon à ne pouvoir être tourné d'aucune manière, et qu'il vous oblige à des points d'attaque hérissés de difficultés presque insurmontables. Mais s'il y a une force majeure qui oblige à hasarder une telle entreprise, que faut-il faire? 1o Bien reconnaître la disposition de l'ennemi; 2o si cela se peut, l'attaquer à dos, tandis que de front on lui présente l'armée; si cela ne se peut, attaquez, 3o, le lieu le plus élevé de son camp; 4o placez vos batteries sur toutes les hauteurs qui peuvent produire un feu croisé, et formez vos attaques selon le plan XXIII. Observez surtout de tenir votre armée hors du feu de mitraille, et attaquez votre hauteur vigoureusement. Si votre armée est forte, faites une fausse <24>attaque d'un autre côté, pour distraire l'ennemi et diviser son attention.
Ce n'est pas sans raison que j'insiste pour qu'on attaque par préférence la plus grande hauteur du poste. Voici pourquoi. Si vous l'emportez, et que vous vous y établissiez, tout est dit, votre feu supérieur doit déblayer sans peine et nettoyer le reste du poste; mais si, au lieu de cela, vous attaquez une butte moins considérable et que vous l'emportiez, vous n'auriez rien gagné, et les obstacles croîtraient alors à proportion que vos troupes fatiguées en seraient rebutées.
Que le lecteur se souvienne que tous mes plans sont forgés, et qu'il est impossible de dessiner tous les terrains où l'on pourrait se battre. Un homme intelligent appliquera lui-même mes règles, selon les conjonctures des postes différents qu'il lui faudra attaquer. Je prie qu'on se souvienne que, dans toute attaque de poste, il faut avoir soin de ne point exposer inutilement la cavalerie.
Le plan XXIV donne une idée dune attaque à dos, et d'un terrain qui peut favoriser une telle disposition. Voyez les plans nos XXIII et XXIV.