<112>aussitôt ordre de lever le camp à huit heures du soir, de passer le ruisseau de Striegau, et de se poster sur un rocher devant la ville, où il y a une carrière de topaze,b et qui en a pris le nom. L'armée se mit en mouvement le soir à huit heures, en filant sur la droite en deux lignes, et observant le plus grand silence; il était même défendu au soldat de fumer. La tête des troupes arriva à minuit auprès des ponts de Striegau, où l'on attendit que tous les corps fussent bien serrés ensemble.

Le 4 juin, à deux heures du matin, le Roi rassembla les principaux officiers de l'armée, pour leur donner la disposition du combat; nous l'omettrions, si tout ce qui a rapport à une bataille décisive, ne devenait de conséquence. Telle était cette disposition : " L'armée se mettra incessamment en marche par la droite sur deux lignes; elle passera le ruisseau de Striegau; la cavalerie se mettra en bataille vis-à-vis de la gauche de l'ennemi, du côté de Pilgramshayn; le corps de Du Moulin couvrira sa droite; la droite de l'infanterie se formera à la gauche de la cavalerie, vis-à-vis des bosquets de Rohnstock; la cavalerie de la gauche s'appuyera au ruisseau de Striegau, gardant au loin à son dos la ville de ce nom; dix escadrons de dragons et vingt de hussards qui composent la réserve, se posteront derrière le centre de la seconde ligne, pour être employés où il sera besoin; derrière chaque aile de cavalerie, un régiment de hussards se formera en troisième ligne, pour garantir le dos et le flanc de la cavalerie si le terrain va en s'élargissant, ou pour servir à la poursuite; la cavalerie chargera impétueusement l'ennemi l'épée à la main; elle


b Le mot de topaze (Topasberg) ne se rencontre que dans ce passage et à la page 127 : il ne se trouve dans aucun rapport sur la bataille de Hohenfriedeberg : et il n'est pas à la connaissance des personnes les mieux instruites de Striegau et des environs que jamais une de leurs montagnes se soit appelée ainsi. Dans la première rédaction de l'Histoire de mon temps, de 1746. cah. III, chap. 18, p. 16, le Roi appelle le mont Topaze " un rocher isolé proche de Striegau, dont la cime domine toute la plaine et les environs " : description qui ne peut s'appliquer qu'au Mont Large (der breite Berg); mais en racontant, deux pages plus bas, qu'il a établi sur le mont Topaze une batterie de six canons de vingt-quatre livres, on ne peut le rapporter qu'au grand mont des Renards près le village de Grüben (der grosse Grübener Fuchsberg). sur lequel, selon tous les rapports du temps, fut placée la batterie mentionnée, et où se trouve encore une vieille carrière de pierres.