<120>vers Holitz. Ce prince avait établi, moyennant trois ponts sur l'Adler, sa communication avec Königingrätz, où il tenait un détachement de huit cents hommes; il fit élever une redoute devant la ville sur une petite hauteur qui en défendait l'approche aux Prussiens. Sa position était inattaquable : le Roi se borna donc à garnir d'infanterie les villes de Jaromircz et de Smirschitz, pour tenir l'Elbe par des détachements de dragons et de hussards, et pour assurer et protéger ses fourrages. A voir ces deux armées rangées autour de Königingrätz, on aurait dit que c'était un même corps qui en formait le siège. Cependant l'avant-garde et la bataille des Prussiens étaient si avantageusement placées, qu'il aurait été impossible à l'ennemi de les entamer. On aurait pu tenter quelque entreprise sur Königingrätz, et il aurait été possible de prendre la ville; mais qu'aurait-on gagné? La ville n'avait ni fortifications, ni magasins, et l'on aurait été obligé de l'abandonner tôt ou tard; c'aurait été une effusion de sang inutile.

Ceux qui ne jugeaient que superficiellement des choses, croyaient que, dans cette heureuse situation, le Roi devait changer le projet de campagne qu'il avait fait à Neisse, et que ses vues devaient s'étendre avec sa fortune. Il n'en était pas ainsi cependant, La bataille de Friedeberg avait sauvé la Silésie; l'ennemi était battu; mais il n'était pas détruit : cette bataille n'avait pas aplani les montagnes de la Bohême, par lesquelles étaient obligés de passer les vivres pour l'armée. On avait perdu, l'année 1744, les caissons des vivres; les subsistances ne pouvaient donc arriver au camp que sur des chariots de paysans de la Silésie. Depuis le départ du Margrave de la Haute-Silésie, les Hongrois avaient surpris la forteresse de Cosel, et ils étendaient leurs courses jusqu'au voisinage de Schweidnitz et de Breslau; ils allaient se porter sur les derrières de l'armée, et en intercepter les subsistances; d'ailleurs le Roi ne pouvait s'éloigner qu'à dix milles d'Allemagne de Schweidnitz, d'où il ne recevait des vivres que de cinq en cinq jours : s'il avait voulu transporter le théâtre de la guerre en Saxe, il abandonnait la Silésie à la discrétion des Autrichiens. Tant de considérations importantes firent que ce prince resta ferme dans son premier projet, c'est-à-dire de manger les