<132>quelques projets : il en formait sans cesse de nouveaux, et tenta pour la troisième fois de prendre Neustadt. La ville fut investie le 7 septembre par dix mille hommes. Le Roi n'en fut informé que le 12; il envoya incontinent Du Moulin et Winterfeldt à son secours. Winterfeldt, avec trois cents fantassins du régiment de Schwerin, força le passage d'un bois défendu par deux mille pandours; les Hongrois y perdirent deux canons, et ils furent jetés dans une espèce de précipice qu'ils avaient derrière leur front. A l'approche des Prussiens, le siège de Neustadt fut levé; ils repassèrent la Mettau, et se retirèrent dans leur camp. M. de Tauentzien, enfermé dans une bicoque sans défense, dont la muraille était crevassée en beaucoup d'endroits, avait tenu cinq jours de tranchée ouverte contre dix mille ennemis qui l'assiégeaient, et qui, les deux derniers jours, lui avaient coupé les canaux qui portaient l'eau aux fontaines de la ville; les murailles avaient été battues par dix pièces d'artillerie, qui en avaient abattu un morceau considérable. Nous avons vu des places fortifiées par les Vauban et les Cœhorn qui à proportion n'ont pas tenu aussi longtemps : ce n'est donc pas toujours la force des ouvrages qui défend les places, mais plutôt la valeur et l'intelligence de l'officier qui y commande. Neustadt devenait un poste insoutenable, depuis que l'eau y manquait; mais, en l'abandonnant, on perdait la sûreté des convois : cependant les fourrages étant tous consumés dans le voisinage, il était à propos de changer de position, et l'on ruina les murailles de Neustadt.

Le 18 septembre l'armée passa l'Elbe auprès de Jaromircz, et se campa à Chwalkowitz, sans que l'ennemi fît la moindre démonstration de s'y opposer. Il fallut de ce camp détacher le général Polentz avec mille chevaux et trois bataillons, pour couvrir la Nouvelle-Marche et l'Oder contre un corps de six mille uhlans que le roi de Pologne avait levé, et qu'il voulait attirer en Saxe, pour y joindre ses autres troupes; les autres détachements rentrèrent dans l'armée, et M. Du Moulin en couvrit la gauche.

Il se fit ce jour-là un feu de réjouissance dans l'armée autrichienne, pour célébrer l'élection du Grand-Duc : le nom d'armée impériale réjouissait les officiers qui la composaient; deux jours se passèrent en festins, où tout le monde était ivre. Peut-être