<138>des assaillants, et les firent plier. Cinq bataillons dans lesquels consistait la réserve, arrivèrent fort à propos : ceux qui avaient été repoussés se reformèrent auprès d'eux, et d'un effort commun ces dix bataillons emportèrent la batterie. M. de Bonin, lieutenant-général, et M. de Geist, colonel, eurent la principale part à cette belle action.

Alors on aperçut une grosse colonne des ennemis qui venait de leur droite, et qui descendait des hauteurs pour s'emparer de Burkersdorf; le Roi les prévint en bordant ce village d'un bataillon de Kalckstein. On mit le feu aux maisons les plus écartées vers la gauche, pour couvrir ce bataillon, en attendant que l'infanterie de la gauche se formât derrière; ce bataillon tira par pelotons contre l'ennemi, comme il eût fait sur une place d'exercice, et cette misérable colonne se retira en fuyant.

La cavalerie de la droite des Prussiens devenait dès lors inutile à cet endroit. Ce précipice où elle avait jeté les Autrichiens, prenait du chemin de Trautenau, et allait en rétrécissant le terrain toujours vers le centre des Prussiens, mais en tirant vers le village de Soor, qui était en avant. On laissa donc les cuirassiers de Buddenbrock et quelques hussards pour suivre l'infanterie en seconde ligne. Les gendarmes, Prusse,a Rottembourg et Kyau, qui faisaient vingt escadrons, furent envoyés à la gauche de l'armée, pour y renforcer cette aile, tandis que l'infanterie de la droite prenait celle de l'ennemi en flanc, et la menait battant devant elle en la repliant sur la droite des Impériaux. Les gardes, qui étaient au centre de la ligne, menés par le prince Ferdinand de Brunswic, attaquèrent alors une hauteur que les ennemis tenaient encore; elle était escarpée et chargée de bois : ils l'emportèrent pourtant; et ce qu'il y avait de singulier, c'est que le prince Louis de Brunswic la défendait contre son frère. Le prince Ferdinand se distingua beaucoup dans cette occasion. Le terrain du combat n'était alternativement que fonds et hauteurs, ce qui engageait sans cesse de nouveaux combats; car les Autrichiens


a Prusse est le régiment de cuirassiers no 2 de la Stammliste de 1806, qui depuis 1672 eut pour chefs les princes électoraux, après 1701 des princes royaux, et depuis 1731 le prince Auguste-Guillaume, qui à partir du 30 juin 1744 porta le titre de Prince de Prusse. Voyez t. II, p. 138.