<147>à rappeler ses Anglais qui défendaient la Flandre, pour soutenir son trône ébranlé. La France se conduisit sagement dans ce projet, et elle dut à cette diversion toutes les conquêtes qu'elle fit depuis en Flandre comme en Brabant. Du commencement, le roi d'Angleterre et ses ministres méprisèrent le jeune Édouard,a son faible parti, et cette rébellion naissante : on disait à Londres que c'était la saillie d'un prêtre jacobite, par lequel on désignait le cardinal Tencin, et l'équipée d'un jeune étourdi. Cependant ce jeune étourdi battit et chassa le général Cope, que le gouvernement avait envoyé contre lui avec ce qu'on avait pu en bâte rassembler de troupes. Cet accident ouvrit les yeux au Roi; il lui apprit que dans un gouvernement aristocratique une étincelle peut allumer un incendie. Les affaires de l'Ecosse absorbèrent toute l'attention de son conseil; les négociations étrangères tombèrent en langueur : les alliés de l'Angleterre la croyant aux abois, n'eurent plus pour elle la même considération. Ce qu'il y avait de fâcheux, c'est que la convention de Hanovre commençait à transpirer : les Autrichiens et les Saxons l'avaient ébruitée, et cela pouvait produire un mauvais effet chez les Français, qui étaient cependant les seuls alliés qu'eût la Prusse. Il arriva donc que la diversion que le jeune Édouarda faisait en Ecosse, en devint une pour la reine de Hongrie, en ce qu'elle lui procura la liberté de faire contre le roi de Prusse les derniers efforts, malgré le roi d'Angleterre, dont alors à Vienne on méprisait les conseils.
Le Roi, qui se trouvait à Berlin, épuisait tous les expédients pour trouver des fonds pour continuer la guerre.b Les revenus de la Silésie ne s'étaient pas perçus comme en temps de paix; les deux tiers en avaient manqué : il fallait chercher des ressources, et il était bien difficile de s'en procurer. Cet embarras était grand; les dangers que les ennemis préparaient à l'État, étaient bien plus terribles. Voici comme le Roi en fut informé. Depuis le mariage
a Charles-Édouard. Voyez ci-dessus, p. 48.
b Allusion à l'envoi fait à la monnaie par le Roi des meubles d'argent massif de son château de Berlin. Voyez (Friedrich Nicolai) Freimüthige Anmerkungen über des Herrn Ritters von Zimmermann Fragmente über Friedrich den Grossen. Berlin, 1791, 1er partie, p. 58 et 70, et Neue Berlinische Monatschrift, t. XII, p. 299.