<152>meilleure. On prit des mesures, en cas de malheur, pour transporter la famille royale, les archives, les bureaux, les conseils suprêmes à Stettin, pour leur servir d'asile au cas que la fortune abandonnât les armes prussiennes. Le Roi écrivit encore une lettre pathétique au roi de France, dans laquelle il lui faisait une vive peinture de sa situation, et lui demandait instamment les secours qu'il lui devait selon les traités. On n'attendait rien de cette lettre, elle n'était que pour la forme.

Il serait bien difficile de deviner par quelle raison le prince d'Anhalt tâcha de dissuader le Roi de prendre le commandement de l'armée de Silésie : il poussa ses représentations jusqu'à l'importunité; enfin le Roi lui dit qu'il avait résolu de se mettre à la tète de ses troupes, et que lorsque le prince d'Anhalt entretiendrait une armée, il pourrait en donner le commandement à qui bon lui semblerait; après quoi, il fut obligé de se rendre à Halle, et le Roi partit le 14 de novembre pour la Silésie,a laissant Berlin dans la consternation, les Saxons dans l'espérance, et toute l'Europe attentive à l'événement de cette campagne d'hiver.

Le Roi arriva le 15 à Liegnitz; il y trouva le prince Léopold, et le général Goltz, qui avait l'inspection des vivres. Des lettres du général Winterfeldt, arrivées en même temps, apprirent que six mille Saxons qui faisaient l'avant-garde du prince de Lorraine, étaient entrés en Lusace par Zittau, et que les troupes autrichiennes allaient les suivre. Le prince Léopold convenait en tout des opérations que le Roi avait projetées. L'armée de Silésie était effectivement de trente mille hommes, tous vieux soldats d'élite, accoutumés à vaincre; ils s'étaient refaits par quatre semaines de repos : ils étaient disposés à tout entreprendre. Il y avait cependant des précautions nécessaires à prendre avant de quitter la Silésie : on ne pouvait pas abandonner la ville de Schweidnitz, où il y avait des magasins, et qui alors n'était pas fortifiée; il fallut donc que M. de Nassau quittât la Haute-Silésie, pour aller vers Landeshut s'opposer au corps de M. de Hohenembs, qui avait ordre de sa cour de faire une invasion dans la Basse-Silésie, du côté de Hirschberg.


a D'après les deux gazettes de Berlin (no 138, 18 novembre), le Roi partit le 16 à sept heures du matin, se rendant en Silésie par Crossen.