<155>prince de Lorraine séjournait, pour faire des dispositions plus détaillées. Le brouillard tomba au moment que les colonnes eurent passé le Queis. Les colonnes de la droite et de la gauche étaient de cavalerie, les deux du centre étaient d'infanterie; un régiment de hussards précédait la marche de chaque colonne, pour éclairer et avertir à temps les généraux de ce qui se passait devant eux. Le Roi était à la tête de la première colonne d'infanterie; elle avait pour guide un garçon meunier, qui la mena à un marais où les bestiaux paissaient en été, mais qui n'était guère praticable dans l'arrière-saison. On eut de la peine à se tirer de là; mais, à force de chercher, on trouva un chemin qui côtoyait un bois, et par lequel on pouvait passer.
Pendant que les troupes défilaient, les hussards de Zieten donnèrent dans le village de Catholisch-Hennersdorf, et avertirent qu'il était garni de deux bataillons et de six escadrons de Saxons; ils ajoutèrent qu'ils amuseraient assez longtemps l'ennemi pour donner à la colonne le temps d'arriver. On fit à l'instant avancer deux régiments de cuirassiers de la quatrième colonne, qui était la plus proche; et M. de Rochow emmena les régiments de Gessler et de Bornstedt : M. de Polentz fut commandé avec trois bataillons de grenadiers pour les soutenir. C'était ce soi-disant marais, qu'on croyait impraticable, qui avait trompé les Saxons : ils n'avaient aucune garde de ce côté-là, ce qui donna moyen de les surprendre. Le village de Hennersdorf a un demi-mille de longueur : l'action commença à quatre heures, vers la partie orientale, et finit à six heures, vers le bout qui donnait vers le couchant. Polentz prit les Saxons à revers; Rochow les attaqua de Iront; et Winterfeldt leur vint sur le flanc. Les régiments de Gotha, de Dallwitz, et la plus grande partie de celui d'O'Byrn furent faits prisonniers; le général Buchner, le colonel O'Byrn et trente officiers furent de ce nombre : en tout, les Saxons perdirent six canons, onze cents hommes, deux paires de timbales, deux étendards et trois drapeaux; leurs équipages tombèrent en partage aux hussards,a qui avaient bien mérité cette petite récompense.
a Ce sont les hussards de Zieten, no 2, et les hussards noirs du colonel de Ruesch, no 5. Voyez ci-dessus, p. 69. Hans-Joachim de Zieten, né dans le Brandebourg le 18 mai 1699. Le 16 mai 1741, il devint lieutenant-colonel, et au mois de juin colonel et chef du régiment de hussards, dans lequel il avait servi jusqu'alors, et qui porta son nom tant que ce héros vécut. Il fut nommé général-major le 3 octobre 1744. Voyez t. II, p. 125.