<161>intentions du roi d'Angleterre, et il ajouta qu'il ne garantissait pas la déclaration des ministres de Saxe; c'était en dire assez. Le Roi fut informé en même temps que le prince de Lorraine avait passé l'Elbe à Leitmeritz, et qu'il dirigeait sa marche vers Dresde. En combinant le mouvement de cette armée et la fuite précipitée du roi de Pologne et de ses enfants, il en résultait évidemment que Brühl ne voulait point la paix. Pour être donc plus à portée d'anéantir les projets d'ennemis aussi acharnés, le Roi transporta son quartier à Bautzen, et M. de Lehwaldt se porta sur Königsbrück, à un mille de Meissen. En attendant, Sa Majesté répondit au sieur Villiers : " Qu'elle avait fait venir le comte Podewils auprès de sa personne, pour faciliter tout ce qui pourrait contribuer à la paix; qu'elle se flattait que le roi de Pologne voudrait bien également nommer un de ses ministres, pour qu'on pût mettre la dernière main à cet ouvrage salutaire, et que les préliminaires signés mettraient fin aux hostilités; que pour l'article des fourrages et des contributions qui devaient être indemnisées, le Roi pourrait évaluer également les dégâts que les troupes saxonnes avaient faits en Silésie, mais que le plus sûr serait de rayer entièrement cet article. " Le Roi ajouta qu'il espérait que les ministres de Russie et de Hollande voudraient bien se rendre les garants de ce traité de paix, et se plaignit du départ du roi de Pologne comme d'une démarche peu amiable, et injurieuse à sa façon de penser, et de mauvais augure pour la négociation entamée. Brühl avait conduit son maître à Prague, pour l'obséder davantage, pour l'empêcher de voir les malheurs de la guerre et d'entendre crier la voix de sa patrie : il voulait le retenir par les Autrichiens dans les dispositions où il était de continuer la guerre. Ainsi Brühl sacrifiait tout aux intérêts de la reine de Hongrie.

Le Roi vit bien qu'il ne fallait désormais négocier que par des victoires. Il était temps de reprendre avec ardeur les opérations de la campagne. La Lusace était conquise; tout devait rouler sur les entreprises que l'armée du prince d'Anhalt pourrait exécuter. Il y avait huit jours que le Roi n'avait reçu des lettres de ce prince : cette incertitude l'embarrassait d'autant plus, qu'il n'y