<163>position à Halle, qu'il en avait pris un aux ennemis à Leipzig, qu'il n'avait point d'ennemi devant lui, et que par conséquent il était maître des fourrages, des vivres, des chevaux et des livraisons du pays. Sa lenteur ne peut s'attribuer qu'à son esprit de contradiction et à son âge : il n'aurait pas été fâché de faire passer l'expédition de Lusace pour l'heureuse étourderie d'un jeune homme; il affectait un air de circonspection et de sagesse, qui, joint à sa longue expérience, devait former un contraste avec le feu que le Roi mettait dans ses opérations. Le prince d'Anhalt ne fut point loué de sa lenteur : le Roi lui écrivit qu'elle était très-préjudiciable au bien de son service, parce qu'il avait donné aux Autrichiens le temps de se joindre aux Saxons, et de pouvoir détruire le pont de Meissen, ce qui rendrait la jonction des deux armées autant qu'impossible; il lui enjoignit d'user de toute diligence pour s'approcher le plus promptement possible. Le Prince promit dans sa réponse qu'il serait le 12 décembre à Meissen. Sur cela, tous les quartiers furent rassemblés. Le Roi ne laissa que quatre bataillons et quelques hussards à Zittau, un bataillon à Görlitz, et deux à Bautzen. Ces troupes se joignirent le 13 à Camenz, à l'exception de M. de Lehwaldt, qui était déjà vis-à-vis de Meissen; le prince d'Anhalt y arriva le 12 : mais la garnison saxonne s'en était sauvée par une poterne, et avait regagné le gros de l'armée. Pendant que l'infanterie du Prince entrait à Meissen, la cavalerie, qui avait un chemin creux à traverser, ne le passait qu'un à un. Les deux derniers régiments, savoir : les dragons de Röell et de Holstein, mirent pied à terre pour attendre leur tour; Sibilski s'en aperçut : il se glissa avec ses Saxons dans un bois épais, d'où il fondit à l'improviste sur les dragons prussiens, leur enleva deux paires de timbales, trois étendards et cent quatre-vingts hommes. D'autres escadrons montèrent à cheval, et rechassèrent l'ennemi; mais l'affront était reçu, et le remède vint trop tard. Il en coûta la vie au général Röell,a qui était malade, et qui suivait la colonne en carrosse. Il faut con-


a Frédéric-Alexandre de Röell, lieutenant-général et chef du régiment de dragons no 7. Il était âgé de soixante-neuf ans lorsqu'il fut tué le 13 décembre 1745.