<173>être justement rétorquées après ce qui venait d'arriver en Saxe; les voici :
Sulle ronine altrui alzar non pensi il soglio,
Colui che al sol' orgoglio riduce ogni virtù.a
Les chœurs des opéras d'Auguste valaient les prologues de ceux de Louis XIV.
Pendant qu'on chantait à Dresde des Te Deum et des opéras, M. de Villiers, qu'on y attendait avec impatience, arriva de Prague avec les pleins pouvoirs et toutes les autorisations nécessaires aux ministres saxons pour conclure la paix. Il lut suivi par le comte Frédéric Harrach, qui venait de la part de l'Impératrice-Reine pour la même intention.
Pendant que tout se préparait à Dresde à pacifier les troubles de l'Allemagne, le Roi reçut cette réponse de Louis XV à la lettre touchante qu'il lui avait écrite de Berlin pour lui demander son assistance. Cette réponse avait été minutée par ses ministres, le Roi n'avait prêté que sa main pour la transcrire; la voici :
Monsieur mon frère,
Votre Majesté me confirme, dans sa lettre du 15 de novembre, ce que je savais déjà de la convention de Hanovre du 26 d'août. J'ai dû être surpris d'un traité négocié, conclu, signé et ratifié avec un prince mon ennemi, sans m'en avoir donné la moindre connaissance. Je ne suis point étonné de vos refus de vous prêter à des mesures violentes et à un engagement direct et formel contre moi; mes ennemis doivent connaître Votre Majesté : c'est une nouvelle injure d'avoir osé lui faire des propositions indignes d'elle. Je comptais sur votre diversion; j'en faisais deux puissantes en Flandre et en Italie; j'occupais sur le Rhin la plus grosse armée de la reine de Hongrie. Mes dépenses, mes efforts ont été couronnés des plus grands succès. Votre Majesté en a fort exposé les suites par le traité qu'elle a conclu à mon insu.
a Arminio, opéra de Hasse, chœur final; ce dernier morceau fut composé par Graun. (Ms. in-fol., no 272, de la Bibliothèque royale de Berlin, section musicale).