<36>comme des ouvrages de filigrane, plutôt propres à satisfaire les yeux que pour le service et l'utilité. 7o Mais je veux bien vous abandonner tout ce que je viens de vous marquer : vous sera-t-il possible de donner une bonne interprétation au traité de Worms et à celui de Varsovie? Le langage des ministres autrichiens est que ce traité n'a pour objet que l'Italie : lisez les deux articles que j'ai cités, et vous verrez clairement qu'ils regardent en général l'Allemagne, et qu'en particulier ces articles m'ont directement en vue. 8o Cette alliance avec la Saxe est encore moins innocente : elle livre aux Autrichiens un passage et des secours pour m'attaquer dans mes propres foyers. Vous soutenez que cette alliance ne s'est faite que pour procurer des présents réciproques aux ministres qui sont à la tête des affaires dans les deux cours : en vérité je ne m'y attendais pas; il faut avouer que vous avez l'esprit transcendant. 9o Voici une autre question : attendra-t-on que la reine de Hongrie soit délivrée de tous ses embarras, qu'elle ait la paix avec les Français, que ses troupes entameront bien? Attendra-t-on, dis-je, qu'elle puisse se servir de toutes ses forces, de celles des Saxons et de l'argent de l'Angleterre, pour nous attaquer avec tous ces avantages au moment que nous serons dépourvus d'alliés, et que nous n'aurons d'autres ressources que celles de nos propres forces? Vous soutenez que la reine de Hongrie ne terminera pas cette guerre par une seule campagne; que ses pays sont ruinés; ses revenus, arriérés de dix ans; et qu'elle ne sentira son épuisement qu'après la paix : je réponds que tout le monde ne convient pas que ses finances soient aussi épuisées que vous le supposez. De vastes États lui fournissent de grandes ressources : qu'on se souvienne qu'à la fin de la guerre de succession, guerre qui avait englouti des trésors, l'empereur Charles VI soutint encore toute une campagne contre les Français sans subsides étrangers, lorsque la reine Anne fit la paix séparée de Travendahl.a Faut-il attendre qu'Annibal soit aux portes, pour se déclarer contre lui? Qu'on se souvienne qu'en l'année 1733 le comte Sinzendorff pariait que les Français ne passeraient pas le Rhin, lorsque Kehl était bombardé et pris par eux. La sécurité ajoute que lorsque le feu roi acquit la Poméranie ultérieure, tout


a La paix d'Utrecht.