<59>d'emblée : la situation est avantageuse; mais la ville est petite, et n'a pour défense qu'une mauvaise muraille. De là en tirant vers le midi, vous trouvez la Luschnitz, petite rivière guéable de toute part, mais dont les bords, dans beaucoup d'endroits, sont escarpés; après l'avoir passée, vous traversez des bois et des rochers, pendant trois milles, au sortir desquels vous entrez dans une plaine abondante, et trouvez Budweis à deux milles devant vous. Cette ville est située sur la Moldau, fortifiée d'ouvrages de terre, et d'une enveloppe que d'un côté l'on avait commencée vis-à-vis de Budweis, vers le sud. A trois quarts de lieue, de l'autre côté de la Moldau, se trouve le château de Frauenberg. Ce château occupe le haut d'une colline, et est devenu fameux par un siège de six mois que les Français y ont soutenu. Tel était le pays où l'armée prussienne allait opérer.
Comme les Saxons ne s'étaient point encore déclarés, l'armée se mit en marche le 17 septembre pour Kundratitz. De là, le général de Nassau fut détaché avec dix bataillons et quarante escadrons, pour faire l'avant-garde de l'armée, et celle-ci fut partagée en deux colonnes : la droite, sous les ordres du prince Léopold, côtoyait la Moldau, et fut obligée de se faire des chemins; la colonne de la gauche, conduite par le maréchal Schwerin, enfilait le grand chemin de Prague à Tabor, en suivant pied à pied l'avant-garde. On avait réglé de plus que ces colonnes ne laisseraient entre leurs camps qu'une étendue au plus d'un demi-mille d'Allemagne; derrière la colonne de la gauche suivaient les caissons de farine, couverts par quinze cents hommes, sous la direction du général Posadowsky.
Tabor, Budweis et Frauenberg se rendirent presque sans se défendre au général Nassau. L'armée arriva le 26 à Tabor, où les colonnes se rejoignirent; mais Posadowsky n'amena que la moitié de ses caissons, c'est-à-dire pour quinze jours de farine; les chevaux et les bœufs de cet attirail avaient été négligés au point que la moitié en étaient crevés de misère, sans cependant qu'on eût vu d'ennemi pendant toute la marche. Ce fut là le principe de tous les malheurs qui arrivèrent depuis. A peine l'armée était-elle à deux marches de Prague, que M. de Batthyani envoya un détachement de quelques milliers de Croates et de