<6>l'empêchait pas d'être accablée par le poids de cette guerre; peut-être y aurait-elle succombé, si ces premières lueurs de prospérité n'eussent ranimé la bonne volonté de ses alliés.
Le roi d'Angleterre donna des marques du plus grand zèle pour le soutien de la reine de Hongrie. Les motifs qui le faisaient agir ainsi étaient en grande partie une haine invétérée qu'il portait à la France. Il avait servi dans sa jeunesse contre cette puissance; il s'était trouvé à la bataille d'Oudenarde, où il avait chargé à la tête d'un escadron hanovrien, en donnant des marques d'une valeur distinguée; il ambitionnait de se trouver à la tète des armées pour jouir de la gloire des héros. L'occasion s'en présentait, il avait des troupes en Flandre : en se déclarant pour la Reine, en passant la mer, personne ne pouvait lui disputer le commandement de ses troupes; de plus, il pouvait augmenter son trésor de Hanovre par les subsides que les Anglais lui payeraient pour ses Hanovriens.
Pour le lord Carteret, il avait besoin de la guerre pour se soutenir auprès de son maître et auprès de la nation anglaise. Le commerce de ces insulaires était gêné depuis qu'ils étaient en guerre avec l'Espagne : pour décider par quelque grand coup ces affaires de commerce, il fallait qu'il fût frappé sur terre et en Europe. La France passait pour à demi ruinée par les efforts qu'elle avait faits pour soutenir la Bavière et la Bohême; elle était l'alliée de l'Espagne : en frappant l'une de ces puissances, l'on frappait l'autre. Il fallait donc battre les Français, soit en Allemagne soit en Flandre, pour gagner sur mer une supériorité qui pût produire un avantage réel pour le commerce de l'Angleterre. Le Roi, son ministre et la nation tendant au même but, quoique par des vues différentes, il fut résolu d'envoyer au cœur de l'Allemagne ces troupes anglaises, hanovriennes et hessoises qui se trouvaient en Flandre.
Autant ce projet pouvait convenir au roi d'Angleterre, d'autant moins convenait-il au roi de Prusse : il ne devait pas perdre de vue cet équilibre politique que, pendant la guerre même, son intérêt l'obligeait de maintenir entre les puissances belligérantes. Si la maison d'Autriche gagnait une supériorité décidée dans l'Empire sur la maison de Bavière, la Prusse perdait son influence