<67>pour en faciliter le transport, on garnit de grenadiers Brandeis et Nimbourg.
Le lendemain, le prince Léopold rejoignit l'armée; le jour d'après, on se porta sur Planian. L'ennemi avait eu dessein d'y venir; aussi y trouva-t-on des subsistances en abondance. L'aile droite des Prussiens était au couvent de Zasmuk, éloigné d'un quart de mille de la gauche des Autrichiens : des marais et des bois séparaient les deux armées. Cependant il y avait tout à craindre pour Pardubitz; les Autrichiens en étaient plus près d'une demi-marche que les Prussiens. On y envoya, avec huit bataillons et dix escadrons, M. Du Moulin, qui passa par Kolin, et couvrit Pardubitz et les magasins. Le point principal alors était de gagner Kuttenberg : il n'y avait point de temps à perdre, si l'on voulait y devancer les ennemis. Quoique les troupes fussent fatiguées de trois marches consécutives, il fut résolu que par un effort de vigueur on arriverait le lendemain à Kuttenberg, ou que l'on forcerait le prince Charles au combat. Ni l'un ni l'autre n'arriva : un brouillard épais qui dura depuis six heures du matin jusqu'à midi, fit perdre la moitié de cette journée, et quelque diligence qu'on fit dans la suite, il fut impossible d'arriver à la fin du jour plus loin qu'à Gross-Gbell, où l'on dressa les tentes. L'armée avait la ville de Kolin et l'Elbe à dos, à la distance d'un demi-mille; ses deux ailes étaient appuyées à des villages; une petite plaine était devant le front, bornée par un bois touffu, où campait le prince de Lorraine. Ce prince se servit de l'avance que sa position lui donnait sur celle des Prussiens, et dès le soir il envoya un gros détachement pour occuper la hauteur de Jean-Baptiste, fort escarpée, et qui domine sur tout le terrain des environs. Le Roi aurait voulu se battre avant d'avoir consommé ses magasins : une affaire générale aurait convenu à ses intérêts; mais elle ne convenait pas à ceux des Autrichiens, et ils l'évitèrent toujours soigneusement. Tandis que le prince de Lorraine et Traun s'établissaient sur la cime des rochers, Nadasdy vint se placer sur la droite des Prussiens avec six mille Hongrois; Ghilany, avec un corps de la même force, se mit dans le bois qui bornait le front de la plaine; Trenck et Moracz se mirent sur la gauche avec leurs troupes légères, pour res-