<87>affaires de la Prusse à Dresde, reçut ordre de faire expliquer le comte de Brühl à quel usage il destinait les troupes saxonnes qui étaient en Bohème, et, en un mot, de tirer de lui une déclaration catégorique, si ces troupes attaqueraient les provinces de la domination prussienne ou non : Brühl battit la campagne, et crut dissimuler ses intentions, qui étaient connues à toute l'Europe. Ces deux cours étaient en ces termes, lorsque la France fit proposer au Roi de mettre la couronne impériale sur la tête d'un ennemi qui l'avait si grièvement offensé. Si ce prince n'avait consulté que son ressentiment, il aurait rejeté bien loin une telle proposition. Il prit un parti plus modéré. La saine politique demandait qu'il employât tous les moyens de désunir deux ennemis qui s'étaient ligués contre lui : au cas que le titre d'Empereur flattât le roi de Pologne, ses prétentions et celles de la reine de Hongrie devaient les rendre irréconciliables; alors le Roi avait beau jeu, car en s'accommodant avec la maison d'Autriche, il pouvait frustrer Auguste du trône qu'il briguait. Mais ce qui rendait ce projet de la France impossible dans l'exécution, c'est que la couronne impériale et celle de Pologne ne pouvant pas être sur la même tête, il aurait fallu préalablement qu'Auguste abdiquât celle de Pologne, ce qui ne lui était pas permis selon les lois de ce royaume. Le roi de Prusse ne fit donc point le difficile, il se prêta à tout ce que la France exigeait de lui pour travailler conjointement avec elle à ce projet chimérique. M. le chevalier de Court avait été chargé de cette négociation à Berlin : il s'était attendu à trouver de la part du Roi plus de résistance à consentir à l'élévation de son ennemi, et il prit son consentement pour une marque de la condescendance de ce prince pour sa cour.
Mais le Roi n'eut pas lieu d'être aussi satisfait des plans que ce ministre proposait pour la campagne prochaine. Malgré ses paroles emmiellées, on s'apercevait que le dessein de la France n'était point de faire des efforts en faveur de ses alliés. On ne voulait prendre aucun arrangement pour les subsistances de l'armée de Bavière; on voulait traîner le plus que l'on pourrait l'ouverture de la campagne. Les Allemands devaient assiéger Passau; les Français, Ingolstadt; et personne ne pensait aux entreprises que les Autrichiens pouvaient tenter dans cet intervalle. L'armée