<9>Mais il est temps de quitter ces scènes tragiques qui se représentaient dans le Nord pour retourner au Sud, et pour voir ce qui se passa dans la Bohème après que les Français l'eurent abandonnée. La reine de Hongrie se rendit à Prague pour recevoir l'hommage de ce royaume, au recouvrement duquel sa fermeté avait autant et plus contribué que la force de ses armes. Le jour même de son couronnement, elle apprit que le maréchal de Khevenhüller ayant marché de Schärding à Braunau, en avait chassé le général Minucci, qui commandait un corps de sept à huit mille Impériaux; les détails de cette affaire nous sont parvenus par des officiers prussiens qui firent cette campagne en volontairesa avec les Autrichiens. M. de Khevenhüller voulut rassembler ses troupes à Schärding, place située sur l'Inn, proche des frontières de l'Autriche; ses troupes, sortant de leurs quartiers d'hiver, s'y rendirent par différentes routes. Malgré les précautions que cet habile officier prit de cacher ses desseins, le maréchal de Seckendorff en fut informé, et il donna ordre à M. de Minucci de se retirer de Braunau. Ce général peu intelligent ne sut ni disposer sa retraite pour obéir aux ordres de son chef, ni se choisir un terrain avantageux pour attendre l'ennemi et pour lui résister. M. de Khevenhüller se trouva bientôt en présence des Bavarois; il trouva le front de Minucci inattaquable, ayant un profond ravin qui séparait les deux armées; sa droite était appuyée à Braunau, que l'on avait fortifié en hâte durant le dernier hiver. Mais autant que ce poste était fort par sa droite et par son front, autant était-il faible sur sa gauche. M. de Khevenhüller s'en aperçut au premier coup d'œil; il détacha M. de Berlichingen avec un gros de cavalerie, qui tourna les Impériaux, et, prenant des chemins détournés, tomba sur cette aile qui était en l'air, tandis que Nadasdy avec ses hussards attaqua les troupes de Minucci de front. Ce ne fut point une bataille : les Bavarois s'enfuirent sans s'être défendus; une partie de leur cavalerie se sauva dans Braunau, leur infanterie se réfugia sur les glacis de la ville. Minucci, la


a Le Roi avait envoyé alors, comme volontaires, à l'armée royale hongroise, vingt-six officiers, sous le commandement du colonel Bernard-Henri de Bornstedt. Ce dernier mourut en 1752, ayant le grade de lieutenant-général. Voyez Berlinische Nachrichten von Staats- und gelehrten Sachen, 1743, no 52 et 53.