<107>relle avec laquelle ils soutenaient leurs opinions : toutes ces causes firent que la mission de M. de Schmettau devint infructueuse.
Pour donner un échantillon de ces conférences, et pour se représenter à quels hommes M. de Schmettau avait affaire, le lecteur pourra en juger par ce trait : ce général s'informait des arrangements qu'ils avaient pris pour les vivres de l'armée. Oh! nous avons, lui dit M. de Münchhausen, quelques amas de farines, et nous avons commandé cent chariots de paysans pour transporter le pain aux troupes. Or, ce corps que les alliés rassemblaient passant les trente mille hommes, il lui fallait trois cents fourgons pour le pain et quatre cents chariots pour le transport des farines. Voilà sur quel pied étaient les arrangements que ces ministres ignorants et stupides prenaient à Hanovre, pour résister aux forces considérables avec lesquelles les Français se proposaient d'agir contre eux. Mais la raison secrète et véritable de leur indolence provenait d'une autre cause. Les Français, plus fins qu'eux, leur avaient persuadé fermement qu'ils ne voulaient que traverser leur pays; que leur projet de campagne n'était calculé que contre le roi de Prusse; qu'en un mot, ils voulaient assiéger Magdebourg, et que, pourvu que les Hanovriens se tinssent spectateurs tranquilles de cette scène, durant le cours des opérations de la campagne leur pays serait épargné, et leurs personnes en considération. Ces idées flatteuses s'étaient si fort accréditées dans les têtes absurdes de ces ministres, que, lorsque l'armée française approcha des frontières hanovriennes, ils envoyèrent des chasseurs du roi d'Angleterre à la rencontre pour lui servir de guides. Ces ministres furent la dupe de leur crédulité envers les Français, qui les punirent de la perfidie qu'ils voulaient commettre envers le roi de Prusse, comme on le verra dans le récit de la campagne prochaine. Pendant toutes ces négociations qui agitaient l'Europe, le Roi était à Dresde, où la reine de Pologne lui donnait d'autres embarras. Cette princesse, en faisant complimenter tous les jours le Roi par son grand maître le comte de Questenberg,a en lui
a A dater de 1747, le grand maître de la reine de Pologne fut Robert-Florian baron de Wessenberg. Le faux nom de Questenberg se trouve aussi dans l'édition de 1788.