<109>ambitieux et implacables, mais jamais celui des rois, chez lesquels on devrait retrouver la bonne foi, fût-elle perdue sur toute la terre.a Si j'insiste sur de pareils traits, c'est qu'ils caractérisent l'esprit d'animosité et l'acharnement opiniâtre qui régnaient dans cette guerre, et qui la distinguent de toutes les autres. Cependant la France et l'Autriche ne retirèrent pas de ces régiments saxons les services qu'ils en attendaient : ils en furent pour leur argent et pour leur dispense.
Dans cette effervescence générale, les troupes ennemies ne furent pas plus tranquilles dans leurs quartiers que les négociateurs ne l'étaient pour leurs intrigues. Les corps que le Roi avait en Lusace, furent les plus exposés aux entreprises que les ennemis formaient. Cette province fait du côté de Zittau une espèce de pointe qui s'enfonce en Bohême, et va toujours en se rétrécissant. Les Autrichiens environnèrent cette partie de la Saxe par de gros détachements qu'ils avaient à Friedland, à Gabel et à Rumbourg. Ces détachements, commandés par de jeunes officiers qui cherchaient avec ardeur les occasions de se distinguer, furent presque pendant tout l'hiver en campagne. Le prince de Löwenstein était à la tête de l'un, et M. de Lacy, fils du maréchal, qui avait servi avec distinction en Russie, menait l'autre. Ils entreprirent tantôt sur le poste d'Ostritz, tantôt sur celui de Hirschfeld ou de Marienthal : quoiqu'ils ne parvinssent point à surprendre les officiers prussiens qui défendaient ces postes, ils tuèrent toutefois du monde inutilement.b M. de Blumenthal, major au régiment Henri, perdit la vie dans une occasion pareille, et beaucoup de soldats, dont on aurait pu tirer de meilleurs services, y périrent. Le corps de M. de Lestwitz à Zittau, celui du prince de Bevern à Görlitz, furent fatigués par des alertes perpétuelles; ils étaient obligés d'envoyer des secours tantôt d'un côté, tantôt de l'autre :
a Dans le XVIIIe chapitre de son Antimachiavel, Frédéric rappelle aussi ces belles paroles de Jean II, roi de France, qui les prononça à l'occasion du traité de Brétigny, en 1360.
b Le major Henri-George de Blumenthal, tué près d'Ostritz le 31 décembre 1756, était le fils aîné du ministre d'État.
Le 20 février 1757, le major Christophe-Samuel de Götze, commandeur du régiment du prince Henri, trouva la mort près de Hirschfeld, poste que le comte Maguire attaqua ce même jour, mais sans pouvoir le prendre.