<125>Roi voulait se porter avec l'armée à Swoyschitz, où l'on trouve des environs susceptibles de défense; mais à peine l'armée se fut-elle mise en marche pour prendre cette position, qu'on vit paraître celle du maréchal Daun, qui se forma près de Swoyschitz en une espèce de triangle, dont la gauche tirait vers Zasmuk et la droite vers l'Elbe; le front vis-à-vis de Kaurzim et de Malotitz était couvert par une prairie bourbeuse, à travers laquelle serpentait un ruisseau marécageux. Ce mouvement des ennemis produisit un changement nécessaire dans la disposition des Prussiens : l'armée changea de direction; elle prit plus vers la gauche, et s'approcha de Nimbourg; elle se campa ayant Planian vers la gauche de son front, et à sa droite Kaurzim, où l'on jeta un bataillon pour assurer le flanc de l'armée. On rencontra près de Planian un corps d'Autrichiens, dont l'intention ne pouvait être que de s'emparer du dépôt que les Prussiens avaient à Nimbourg; on contraignit ce corps à se replier, et il prit position sur une hauteur derrière Planian, où il demeura la nuit.
La situation du Roi devenait de jour en jour plus critique et plus embarrassante; sa position ne valait rien; son camp était étroit, acculé à des montagnes; son front se trouvait à la vérité inabordable par le marais et le ruisseau qui séparaient les deux armées; mais il n'en était pas de même de la droite, mal appuyée à Kaurzim, et que le maréchal Daun était maître de tourner dès qu'il le voudrait, en se portant de Zasmuk sur Malotitz : si les ennemis eussent fait ce mouvement, toute l'armée était prise en flanc et battue sans ressource. Il se présentait d'autre part une multitude d'objets à remplir, trop contraires pour qu'on les pût tous concilier ensemble, et il n'y en avait aucun à négliger sans que cela ne portât un préjudice considérable aux affaires : il fallait couvrir les magasins de Brandeis et de Nimbourg, d'où l'armée d'observation tirait son pain; il fallait protéger le blocus de Prague, en empêchant avec un corps faible une armée supérieure du double d'y détacher ou d'en approcher. Plus l'infériorité des Prussiens se découvrait aux ennemis, plus ils avaient à craindre à la longue d'essuyer quelque échec considérable : car en supposant même qu'ils eussent pu se soutenir dans le camp où ils étaient, il ne leur en était pas moins impossible d'empêcher le