<134>de guerre. Le prince de Prusse comprit l'importance de ce poste après l'avoir perdu : le droit chemin de son camp à Zittau passe par Gabel; ce chemin lui était interdit; celui qui lui restait passe par Rumbourg, et fait un détour de quelques milles; on ne peut y passer que sur une colonne. L'armée fut obligée de le prendre : elle y perdit du bagage, et des pontons qui se brisèrent dans des chemins étroits entre des rochers. Le prince arriva à Zittau en décrivant un arc, et le maréchal Daun par la corde. M. de Schmettau, qui commandait l'avant-garde des Prussiens, trouva en approchant de Zittau les Autrichiens établis sur l'Eckartsberg; c'est le poste le plus important de cette contrée; il domine sur la ville et commande aux environs. L'armée du prince de Prusse occupa une hauteur opposée au camp des ennemis, la ville de Zittau devant sa droite entre les deux armées; il étendit sa gauche sur la montagne de Hennersdorf. Le prince pouvait soutenir la ville, sans qu'il pût néanmoins empêcher les Impériaux de l'insulter. Le maréchal Daun, instigué par le prince Charles de Saxe, fit bombarder la ville. Zittau a des rues étroites, la plupart des toits sont en bardeaux : le feu y prit, ces bardeaux communiquèrent l'incendie aux différents quartiers de la ville à la fois, les maisons s'écroulèrent, les passages furent comblés par les débris. Le prince de Prusse se vit obligé d'en retirer la garnison; les troupes qui occupaient l'extrémité opposée, ne purent se faire des routes pour regagner l'armée, ne trouvant que des flammes et des ruines sur leur passage, de sorte que le colonel Diericke avec cent cinquante pionniers, et le colonel Kleist avec quatre-vingts soldats du margrave Henri, tombèrent entre les mains des ennemis. La ville de Zittau n'est en soi-même d'aucune conséquence : on ne fut sensible au malheur qui y arriva que par rapport à la perte du magasin considérable qui y fut brûlé. Après la perte de ce magasin, l'armée du prince de Prusse ne pouvait tirer sa subsistance et son pain que de Dresde; il aurait fallu transporter ce pain de douze milles, pour qu'il arrivât au camp. Il se rencontrait des difficultés insurmontables à ce transport, qui obligèrent le prince de se rapprocher de ses vivres; il décampa de Zittau sans être suivi par l'ennemi, et prit une position pour l'armée à l'entour de Bautzen.