<143>suivent jusqu'à Zeitz, et en ramènent trois cent cinquante prisonniers.
Le lendemain, l'armée du Roi se porta sur Naumbourg; l'avant-garde y rencontra six escadrons de ceux qu'elle avait battus la veille; ils furent bientôt dissipés, et perdirent surtout beaucoup de monde en passant le pont de la Saale, proche de Schulpforte; on rétablit ce pont, et les troupes le passèrent pour se rendre à Buttstedt. Ce fut là qu'on reçut la nouvelle de cette fameuse convention signée entre le duc de Cumberland et le duc de Richelieu à Kloster-Zeven : ce traité fut négocié par un comte Lynar, ministre du roi de Danemark; il y fut stipulé que les hostilités cesseraient; que les troupes de Hesse, de Brunswic et de Gotha seraient renvoyées dans leur pays; que celles de Hanovre demeureraient tranquillement à Stade à l'autre bord de l'Elbe, dans un district qui leur fut assigné; rien ne fut réglé touchant l'électorat de Hanovre, ni des contributions, ni des restitutions, de sorte que cet État se trouvait abandonné à la discrétion des Français. A peine cette convention fut-elle conclue, que, sans en attendre la ratification, le duc de Cumberland s'en retourna en Angleterre, et le duc de Richelieu se prépara de son côté à faire une invasion dans la principauté de Halberstadt.
Dans ce temps, on intercepta dans l'armée prussienne des lettres du comte Lynar au comte de Reuss; ces deux hommes, de la secte qu'on nomme piétistes, avaient l'esprit abruti par le fanatisme. Le comte de Lynar, en parlant à son ami de cette négociation, lui dit : « L'idée qui me vint de faire cette convention, était une inspiration céleste; le Saint-Esprit m'a donné la force d'arrêter les progrès des armes françaises, comme autrefois Josué arrêta le soleil; Dieu tout-puissant, qui tient l'univers en ses mains, s'est servi de moi indigne, pour épargner ce sang luthérien, ce précieux sang hanovrien qui allait être répandu. »a Le malheur a voulu que le comte Lynar s'est applaudi tout seul :
a L'authenticité de cette lettre est mise en doute dans l'ouvrage intitulé : Des Grafen Rochus Friedrich zu Lynar Hinterlassene Staatsschriften. Hambourg, 1797, t. II, p. VIII et IX.
Ce comte de Lynar est le frère cadet du comte Maurice-Charles de Lynar dont le Roi fait mention t. II, p. 73, 90 et 112.