<144>nous le laisserons entre Josué et le soleil, pour en revenir à des objets plus intéressants.

Cette indigne convention acheva de déranger les affaires du Roi; sa soi-disant armée était de dix-huit mille hommes, et il se trouvait réduit à faire un détachement pour couvrir Magdebourg, ou pour en renforcer la garnison. Cependant, comme M. de Soubise se trouvait à Erfurt, il voulut tenter les moyens de l'en éloigner, afin de pouvoir s'affaiblir ensuite avec moins de danger. Le Roi s'avança pour cet effet à Erfurt avec deux mille chevaux, un bataillon franc et deux bataillons de grenadiers; sa surprise fut extrême lorsqu'il vit l'armée française décamper de la Cyriaksbourg en sa présence. M. de Soubise, ne se croyant pas en sûreté à Erfurt, se retira effectivement à Gotha. A peine fut-il parti, qu'on somma la ville de se rendre, et l'on convint par la capitulation que le fort de Saint-Pierre demeurerait neutre, que la ville serait occupée par les Prussiens, et que l'ennemi évacuerait la Cyriaksbourg.

Dès que les troupes eurent pris une espèce de position auprès d'Erfurt, le prince Ferdinand de Brunswic partit de l'armée avec cinq bataillons et sept escadrons, pour couvrir Magdebourg et tenir tête à l'armée de M. de Richelieu. Ce prince pouvait encore se renforcer de six bataillons qu'il pouvait tirer de la place; mais ces mesures, les seules que l'on pût prendre dans ces conjonctures, étaient faibles, et insuffisantes pour résister à cinquante mille Français, surtout s'ils avaient voulu agir avec vigueur. Le prince Ferdinand, bien résolu de suppléer par son habileté au peu de moyens qu'on lui fournissait, prit un détour pour se rendre à Magdebourg; en marchant par Égeln, il donna sur le régiment de Lusignan, dont il fit quatre cents hommes prisonniers; de là il vint se poster fièrement à Wanzleben, d'où il semblait défier M. de Richelieu, qui campait à Halberstadt. Les partis prussiens eurent de la supériorité sur les Français pendant tout ce bout de campagne, et il se passa peu de jours sans qu'ils n'amenassent des prisonniers au prince.

Dans l'état où se trouvait le Roi, il fallait avoir recours à tout, employer la ruse et la négociation, enfin tous les moyens possibles, pour adoucir la situation des affaires; d'ailleurs on ne