<149>prit que Berlin en avait été quitte pour une contribution de deux cent mille écus qu'elle avait payée aux Autrichiens; que M. de Hadik n'avait pas attendu l'arrivée du prince Maurice pour se retirer, et que M. de Marschall était demeuré immobile dans son camp de Bautzen. La première idée qui lui vint alors, fut de couper la retraite à M. de Hadik; il se rendit en conséquence à Herzberg. Le prince Maurice était déjà sur son retour; le Roi voulut l'attendre, parce que Hadik avait déjà repassé Cottbus; il demeura quelques jours dans cette position, pour s'éclaircir sur les projets ultérieurs des Français, qui devaient décider du parti qu'il avait à prendre, soit de s'opposer à leurs entreprises, soit, au cas que la campagne de Thuringe fût finie, de tourner vers la Silésie, pour dégager Schweidnitz, dont M. de Nadasdy commençait à former le siége.

Mais les événements entraînèrent le Roi dans des opérations qu'il ne pouvait pas prévoir alors. Le départ des Prussiens d'Erfurt engagea M. de Soubise à passer la Saale et à s'approcher de Leipzig; le maréchal Keith en donna avis, et demanda avec empressement des secours : il fallut accourir au plus pressé. Le Roi prit sur-le-champ avec sa petite troupe le chemin de Leipzig; il nettoya d'abord la rive droite de la Mulde, où M. de Custine s'était avancé avec quelques brigades; après quoi il entra à Leipzig, où il fut joint par le prince Maurice et par le prince Ferdinand de Brunswic. On se rendit d'abord maître de la grande chaussée qui mène à Lützen. Le 30, l'armée se trouvant rassemblée, elle alla se camper à Alt-Ranstädt, d'où M. de Retzow fut détaché en avant pour garder le défilé de Rippach. La nuit même, le Roi se mit en marche pour tomber sur les quartiers ennemis dispersés à l'entour de Weissenfels; la plupart se sauvèrent, hors celui de Weissenfels. On attaqua les trois portes de la ville, avec ordre aux officiers de gagner sans délai le pont de la Saale, pour qu'on fût maître de ce passage important. La ville fut forcée, on y prit cinq cents hommes; mais ceux de la garnison qui s'étaient sauvés, avaient mis le feu au pont couvert, qui étant tout de charpente s'embrasa facilement; il n'y eut pas moyen déteindre l'incendie, parce que l'ennemi, embusqué derrière des murs à l'autre bord, faisait un si gros feu de mousqueterie, que tous ceux qui s'em-