<150>pressaient à sauver le pont, étaient tués ou blessés. Bientôt de nouvelles troupes parurent de l'autre côté de la rivière, dont le nombre, allant toujours en grossissant, convainquit de l'impossibilité de tenter le passage de la Saale à cet endroit. Mais comme ce n'était que la tête de l'armée qui était arrivée à Weissenfels, et que la partie la plus considérable des troupes était encore en pleine marche, on leur fit prendre la direction de Mersebourg, dans l'espérance de pouvoir se servir du pont de cette ville.
Lorsque le maréchal Keith y arriva, il trouva que les Français y étaient établis, et que le pont était rompu; il ne balança pas sur le parti qui lui restait à prendre : il prit quelques bataillons, et se rendit à Halle, dont il délogea les Français, et rétablit le pont qu'ils y avaient également détruit. L'armée du Roi se trouvait donc alors avoir sa droite à Halle, son centre vis-à-vis de Mersebourg, et sa gauche à Weissenfels, couverte par la Saale, assurant sa communication derrière cette rivière par des corps détachés, qui veillaient également sur les démarches des ennemis. Le maréchal Keith passa le premier cette rivière proche de Halle; sur ce mouvement, qui ne pouvait être d'aucune conséquence pour les Français, M. de Soubise abandonna tous les bords de la Saale, et se replia sur le village de Saint-Michel.a Les Prussiens employèrent ce jour et la nuit suivante à rétablir les ponts de Weissenfels et de Mersebourg. Le 3, de grand matin, le Roi et le prince Maurice passèrent ces ponts; leurs colonnes et celle du maréchal Keith se dirigèrent sur Rossbach, où elles avaient ordre de se joindre. Le Roi se détacha de la marche avec quelque cavalerie, pour reconnaître la position des ennemis : elle était des plus mauvaises. Les hussards, par étourderie, poussèrent dans le camp, et enlevèrent des chevaux de la cavalerie, et des soldats qu'ils arrachèrent de leurs tentes; ces circonstances, jointes au peu de précautions des généraux français, déterminèrent le Roi à marcher le lendemain pour les attaquer.
L'armée quitta son camp avant la pointe du jour; toute la cavalerie faisait l'avant-garde. Comme elle arriva sur les lieux d'où on avait la veille reconnu le poste des ennemis, elle ne les y trouva plus; sans doute que M. de Soubise, ayant fait réflexion
a La petite ville de Mücheln.