<158>avaient à Leitmeritz, d'où il fit mine de s'avancer vers Prague. Le Roi entra en même temps en Lusace; il délogea M. de Hadik de Grossenhayn, et M. de Marschall à son approche se replia sur Lobau; en marche de Bautzen au Weissenberg, on fit tourner une tête de colonne vers Löbau, et à son aspect M. de Marschall se replia sur Gabel : le Roi poursuivit ensuite sa route sans empêchement. En arrivant à Görlitz, il reçut la fâcheuse nouvelle de la reddition de Schweidnitz. Cette place fut prise de la manière suivante : M. de Nadasdy avait ouvert la tranchée le 27 d'octobre, entre le fort de Bögendorf et la tuilerie; sa troisième parallèle était achevée le 10 de novembre. La garnison avait fait quelques sorties avec succès; quoique les bombes eussent ruiné une partie de la ville, l'ennemi n'avait encore emporté aucun ouvrage; impatient d'être aussi peu avancé, M. de Nadasdy se détermina à risquer un coup de main : la nuit du 11, il fit donner un assaut général à toutes les redoutes qui environnent le corps de la place, et deux furent emportées. Ce malheur fit tourner la tête à M. de Seers,a qui en était gouverneur, et à M. de Grumbkow, qui lui était adjoint : ils capitulèrent et se rendirent prisonniers de guerre avec leur garnison, consistant en dix escadrons de hussards et dix bataillons d'infanterie. Les Autrichiens désarmèrent ces troupes, et comme elles étaient la plupart silésiennes, ils leur donnèrent des passe-ports et la liberté de retourner à leurs villages. Cet événement ne pouvait pas arriver plus mal à propos pour déranger les projets du Roi. Toutefois sa jonction avec le prince de Bevern en devenait d'autant plus nécessaire, qu'il était aisé de prévoir que M. de Nadasdy, ayant pris Schweidnitz, joindrait le maréchal Daun, pour accabler ce qui restait de Prussiens auprès de Breslau.
Le Roi avait à la vérité ordonné au prince de Bevern d'attaquer l'ennemi, et de ne pas souffrir qu'on prît Schweidnitz pour ainsi dire à sa vue : la chose était très-faisable, vu la position des Autrichiens à Lissa; le prince de Bevern n'avait qu'un mouvement à faire pour se porter sur le flanc de l'ennemi, qu'il aurait battu probablement; alors le siége de Schweidnitz était levé, et
a Philippe-Loth de Seers, général-major et chef des ingénieurs. Il avait bâti la forteresse de Schweidnitz.