<160>fait faire dans un bas-fond, pour couvrir son flanc de la Lohe vers le faubourg de Breslau. Le maréchal Daun, qui avait eu le temps de bien voir et de bien examiner toutes ces négligences et toutes ces bévues, les fit tourner à son avantage.

L'attaque commença le 22, à neuf heures du matin; quelques redoutes furent prises et reprises alternativement; on fit agir la cavalerie prussienne dans un marais, où elle ne pouvait pas combattre, et où elle fut foudroyée par soixante canons que les Autrichiens avaient en batterie au delà du ruisseau. Cependant, malgré tant de fausses mesures, les Prussiens soutenaient encore leur terrain. A la gauche, vers Gabitz, M. de Zieten non seulement repoussa les attaques, mais il poursuivit M. de Nadasdy jusqu'au delà de la Lohe, et les ennemis en déroute se retirèrent au delà du ruisseau de Schweidnitz. Pendant ce temps-là, les Autrichiens qui attaquaient le prince de Bevern, avaient passé la Lohe sous la protection de leur artillerie; ils prirent aussitôt les redoutes prussiennes par les gorges; les troupes se défendirent bien, et les Prussiens les en délogèrent même à diverses fois : le prince Ferdinand de Prusse repoussa même une partie des ennemis jusqu'à la Lohe; mais ils étaient trop en force, le camp était perdu et la nuit close.a Quoiqu'il y eût encore des ressources, le prince de Bevern ne les vit pas; il repassa l'Oder dans la première consternation, et jeta M. de Lestwitz avec huit bataillons dans Breslau; il perdit ainsi quatre-vingts pièces de canon et près de huit mille hommes, que l'attaque du camp de Lissa ne lui aurait pas coûtés. Les Autrichiens prétendirent que cette action leur avait mis dix-huit mille hommes hors de combat, et il est vrai que les villages des environs étaient remplis de leurs blessés. Le lendemain, ou pour mieux dire la nuit, le prince de Bevern s'avisa d'aller reconnaître le corps de M. de Beck, qui campait près de lui; il était seul, et se laissa prendre par des pandours. M. de Kyau, qui était après lui le plus ancien des généraux, prit le commandement des troupes, et sans aviser à ce qu'il y avait


a La patrie eut à déplorer dans cette journée la perte de trois généraux d'infanterie : le général-major Frédéric-Louis de Kleist, qui resta sur le champ de bataille; puis le général-major Jean-Louis d'Ingersleben et le lieutenant-général Gaspard-Ernest de Schultz, qui furent mortellement blessés.