<161>à faire, il prit le chemin de Glogau. A peine M. de Lestwitz se crut-il isolé dans Breslau, qu'il perdit la tramontane : les Autrichiens s'approchèrent de cette capitale, et M. de Lestwitz, qui jusqu'alors avait eu la réputation d'un brave officier, sans attendre que l'ennemi tirât un seul coup de canon contre les remparts, demanda à capituler, et obtint la libre sortie avec armes et bagages; il suivit, deux jours après, avec sa garnison dont la moitié déserta, le chemin que M. de Kyau avait pris.
Le Roi reçut à la fois toutes ces nouvelles accablantes; sans s'appesantir sur les désastres qui venaient d'arriver, il ne songea qu'au remède, et il força de marche pour gagner les bords de l'Oder. En chemin, il se détourna de Liegnitz, que les Autrichiens avaient fait fortifier, et poussant droit à Parchwitz, son avant-garde donna à l'improviste sur un détachement des ennemis, qui fut bien battu et dont trois cents hommes furent pris prisonniers, et il arriva à Parchwitz le 28, ayant fait le chemin de Leipzig à l'Oder en douze jours.a Le Roi voulait que M. de Kyau passât l'Oder à Köben; mais il ne put pas y réussir, parce que la plupart des troupes avaient déjà gagné Glogau. Dans ces conjonctures, le temps était ce qu'il y avait de plus précieux; il n'y avait point de moment à perdre : il fallait ou attaquer incessamment les Autrichiens à tout prix, et les mettre hors de la Silésie, ou il fallait se résoudre à perdre cette province pour jamais.
L'armée qui repassa l'Oder à Glogau, ne put joindre les troupes du Roi que le 2 de décembre; cette armée était découragée et dans l'accablement d'une défaite récente. On prit les officiers par le point d'honneur; on leur rappela le souvenir de leurs anciens exploits; on tâcha de distraire les idées tristes dont l'impression était fraîche, par la gaieté; le vin fut même une ressource pour ranimer ces esprits abattus. Le Roi parla aux soldats; il
a Dans une lettre adressée au prince Henri, à Parchwitz, le 1er décembre 1757, le Roi dit avec plus d'exactitude : « Je suis ici depuis le 28, à attendre les autres; j'ai fait depuis le 12, départ de Leipzig, quarante-deux milles d'Allemagne avec les troupes. » Voyez Militair-Wochenblatt, 1838, no42, p. 168, et ci-dessus, p. 179.