<165>avoir avec ses dix bataillons de l'avant-garde la première attaque, s'était rendu à la tête de l'armée; déjà les têtes des colonnes avaient gagné le ruisseau de Schweidnitz, sans que l'ennemi s'en aperçût. Le maréchal Daun prit le mouvement des Prussiens pour une retraite, et dit au prince de Lorraine : « Ces gens s'en vont, laissons-les faire. » Cependant M. de Wedell s'était formé devant les deux lignes d'infanterie de la droite; son attaque était soutenue par une batterie de vingt pièces de douze livres, dont le Roi avait dépouillé les remparts de Glogau. La première ligne reçut ordre d'avancer en échelons, les bataillons à cinquante pas de distance en arrière les uns des autres, de sorte que, la ligne étant en mouvement, l'extrémité de la droite se trouvait avancée de mille pas de plus que l'extrémité de la gauche, et cette disposition la mit dans l'impossibilité de s'engager sans ordre. Sur cela, M. de Wedell attaqua le bois où commandait M. Nadasdy; il n'y trouva pas grande résistance, et l'emporta assez vite. Les généraux autrichiens, se voyant tournés et pris en flanc, essayèrent de changer de position; ils voulurent, mais trop tard, former une ligne parallèle au front des Prussiens : tout l'art des généraux du Roi consista à ne leur en pas donner le temps. Les Prussiens s'établissaient déjà sur une hauteur qui commande le village de Leuthen; dans l'instant que l'ennemi voulut y jeter de l'infanterie, une seconde batterie de vingt pièces de douze livres s'exécuta sur eux si à propos, qu'ils en perdirent l'envie et se retirèrent. Du côté de l'attaque de M. de Wedell, les Autrichiens se saisirent d'une butte voisine du ruisseau, pour l'empêcher de balayer leur ligne d'une aile à l'autre; M. de Wedell ne les y souffrit pas longtemps, et après un combat plus long et plus opiniâtre que le précédent, il les força à lui céder le terrain. M. de Zieten, en même temps, chargea la cavalerie ennemie et la mit en déroute; quelques escadrons de sa droite reçurent une décharge à mitraille dans le flanc, des broussailles qui bordaient le ruisseau : ce feu reçu à l'improviste les ramena, et ils se reformèrent auprès de l'infanterie.

Les officiers qui avaient eu la commission d'observer la droite du maréchal Daun, vinrent sur cela avertir le Roi qu'elle traversait le bois de Lissa, et allait paraître incessamment dans la