<191>même temps que M. de Wangenheim avec un gros détachement occupa le camp de Rhéda. Tous ces mouvements, dis-je, qui menaçaient de couper la communication de M. d'Armentières de Wésel, et une petite affaire qu'engagea le major Bülow, le firent résoudre d'abandonner son projet; il repassa la Lippe le 2 de novembre, et bientôt après, l'armée française prit le chemin de Wésel, pour entrer dans ses quartiers d'hiver à l'autre bord du Rhin. Il ne restait plus en Hesse que Marbourg où les Français eussent pied; le Prince héréditaire y fut envoyé, et il n'employa que peu de jours pour finir son expédition par la prise de cette place, après quoi les alliés, maîtres de toute la Westphalie et de la Basse-Saxe, entrèrent dans leurs quartiers.
Durant cette belle campagne du prince Ferdinand contre les Français, le Roi n'était pas demeuré oisif contre les Autrichiens, et il se préparait à tirer tout le parti possible de la bataille de Leuthen, et des suites que cette bataille avait eues. Dès le mois de janvier, M. de Werner avait été détaché dans la Haute-Silésie. Quelque supériorité qu'eût l'ennemi sur sa troupe, il l'avait contraint de se replier en Moravie, de sorte que les Prussiens occupaient dès lors Troppau et Jägerndorf. Le Roi jugeait cette avance nécessaire pour exécuter les projets qu'il méditait pour la campagne, de sorte que cette expédition, qui se fit au mois de janvier, ne parut à l'ennemi qu'une suite de la bataille de Leuthen, dont le Roi profitait pour nettoyer toute la Silésie des troupes autrichiennes.
Les choses en restèrent là jusqu'au 14 de mars, que l'armée se mit en marche pour commencer les opérations de la campagne. On était sûr que les ennemis n'étaient pas assez avancés dans leurs arrangements pour s'opposer aux desseins que le Roi formait, de sorte que ce temps fut jugé le plus propre à changer en siége régulier le blocus de Schweidnitz. Le Roi se mit à la tête de l'armée d'observation, et se cantonna de Landeshut jusqu'à Friedland; le prince Maurice eut le commandement de cette gauche, d'où il communiquait par Wüstengiersdorf à Braunau; et M. de Fouqué commandait le corps qui couvrait cette gorge de la Silésie. Le Roi établit son quartier général à Grüssau, qui était au centre de la position que ses troupes occupaient. Le gros de