<209>général de Retzow fut envoyé avec un détachement pour déloger M. Loudon de Radeberg; l'Autrichien se retira sur Arnsdorf et Fischbach. On résolut de l'entamer de nouveau dans ce poste; pour cet effet, le prince Françoisa marcha avec quelques bataillons afin de se présenter sur son front; M. de Retzow le tourna par sa droite, et le Roi, par la gauche. Il est apparent que ce corps aurait été ruiné, si tous les ressorts eussent bien joué ensemble; mais il arrive d'ordinaire que de semblables projets ne réussissent qu'en partie : Loudon perdit cependant au delà de cinq cents hommes dans cette affaire; il se sauva par le bois, et occupa les monticules de Hartha, où il campa sous la protection du canon du maréchal Daun.
Quoique les Prussiens eussent de petits avantages, rien n'était néanmoins décidé pour les grandes choses. Un objet principal, dans les circonstances où se trouvaient les armées, c'était d'éloigner l'armée impériale des bords de l'Elbe. Il était difficile d'y réussir autrement qu'en lui donnant des jalousies sur les convois qu'elle tirait de Zittau, afin d'obliger le maréchal Daun à faire les mouvements qu'on désirait. Le Roi quitta son camp de Schönfeld, et se porta avec son armée sur Rammenau; par cette position, les Prussiens s'approchaient du flanc de l'ennemi, et pour lui causer plus d'inquiétude, M. de Retzow se rendit à Bautzen, et s'y établit avec son corps. Loudon occupait encore vis-à-vis de notre gauche, proche de Bischofswerda, une hauteur dont il fut résolu de se rendre maître. Pour cet effet, le prince de Würtemberg tourna les Autrichiens à dos, et le Roi se présenta sur leur front. M. Loudon n'attendit point que l'affaire s'engageât, mais il se replia en grande confusion au delà de Bischofswerda; nous occupâmes son camp et la ville. Le maréchal Daun craignit à son tour que la position des Prussiens ne lui portât préjudice; il avait renoncé dans ce moment aux projets qu'il avait formés sur l'armée du prince Henri; il fut obligé de se rapprocher de ses vivres, et se proposa en même temps de se choisir un terrain
a C'est le prince Charles de Brunswic-Bevern, et non le prince François, qui exécuta ce mouvement, comme on peut s'en assurer en lisant le rapport officiel de la gazette. Voyez Berlinische Nachrichten von Staats- und gelehrten Sachen, 1758, no 113, p. 485.