<213>avait repoussé le prince de Durlach à trois reprises. Ce prince ne pouvait venir à lui qu'en traversant un défilé; M. de Retzow y laissa défiler le nombre qu'il lui plut; après quoi il chargea l'ennemi et le culbuta, avec une perte considérable, dans le lieu d'où il avait débouché; cette manœuvre s'était répétée à trois reprises lorsqu'il fut obligé de rejoindre l'armée. Il arriva à propos à notre gauche. Le Roi avait été contraint de la dégarnir, pour porter des secours à sa droite; cependant il ne put pas arriver assez à temps pour empêcher que le bataillon de Kleist ne fût entouré par l'ennemi, et contraint de mettre les armes bas. La droite de l'armée se soutenait, quelque effort que fît l'ennemi pour dépasser le village de Hochkirch. La bataille avait commencé à quatre heures : à dix le cimetière fut emporté; le village et la batterie étaient déjà perdus; l'ennemi s'était trop bien établi pour qu'on pût le déloger; un gros corps de cavalerie venait à dos de l'armée; M. de Retzow avait abandonné le Weissenberg : dans ces circonstances, la position de l'armée n'était plus soutenable, et il ne restait d'autre parti à prendre que celui de la retraite. La cavalerie descendit la première des hauteurs dans la plaine, pour couvrir la marche de l'infanterie. La droite de l'infanterie prit alors le chemin de Doberschütz, où l'on marqua le camp, et le corps de M. de Retzow fit l'arrière-garde de l'armée. La cavalerie autrichienne attaqua la nôtre à différentes reprises; mais elle fut vigoureusement repoussée par M. de Seydlitz et par le prince de Würtemberg. Le camp que l'armée prit était bon, proche de Bautzen, entouré d'un double fossé marécageux, et sur des collines qui n'étaient dominées d'aucun côté. Le maréchal Daun retourna le même jour dans son ancien camp, et il ne parut pas qu'il eût gagné la victoire. Les Prussiens perdirent, comme nous en avons touché quelque chose, des personnes dignes par leur grand mérite d'être regrettées, le maréchal Keith, le prince François de Brunswica et M. de Geist;a presque tous les généraux
a Frédéric-François duc de Brunswic-Wolfenbüttel, né le 8 juin 1732, frère cadet du prince Albert qui fut tué à la bataille de Soor. Il était général-major, et depuis le 26 décembre 1745, chef du régiment d'infanterie no 39.
Charles-Ferdinand baron Hagen de Geist devint général-major le 3 janvier 1757. Voir t. III, p. 154.
En énumérant les pertes faites à la bataille de Hochkirch, le Roi a oublié de mentionner le général-major Hans-Gaspard de Krockow, chef du régiment de cuirassiers no 1, qui mourut de ses blessures à Schweidnitz, le 25 février 1759.