<214>eurent des contusions ou des blessures : le Roi, le margrave Charles, et tant d'autres qu'il serait trop long de nommer. Nous perdîmes trois mille hommes, la plupart d'infanterie, et il ne nous resta du nombre des prisonniers que nous avions faits sur l'ennemi, qu'un général, nommé Vitteleschi, et sept cents hommes.

Durant que tout ceci se passait en Lusace, MM. de Ville et de Harsch tenaient Neisse étroitement bloqué; on était informé qu'un train d'artillerie de cent canons et de quarante mortiers devait partir d'Olmütz pour se rendre en Silésie. En combinant avec ces préparatifs l'effet qu'une victoire gagnée produit sur l'esprit des Autrichiens, il était facile de prévoir que le siége de Neisse en serait la suite. Cette place était trop importante pour que le Roi n'employât pas tous les moyens imaginables pour la sauver; cependant on ne pouvait en faire lever le siége qu'en marchant en Silésie avec une armée. Le point de la difficulté était de ne point déranger les affaires d'un côté pour les redresser d'un autre. Enfin, sur la nouvelle que les Russes avaient abandonné Stargard, et dirigeaient leur marche par Reetz et Callies sur la Pologne, le Roi prit les mesures suivantes : il attira à lui le prince son frère avec dix bataillons et du canon pour remplacer celui que l'on avait perdu; le comte de Dohna reçut ordre de se rendre en Saxe, et de ne laisser en Poméranie qu'un corps sous M. de Platen, pour secourir Colberg, que M. de Palmbach assiégeait avec quinze mille Russes : le comte de Dohna fut instruit de diriger sa marche sur Torgau, pour pouvoir de là se tourner du côté qui aurait le plus besoin de sa présence; M. de Finck prit le commandement du reste du corps du prince Henri, qui tenait le camp de Gamig. Tandis que ces ordres partaient, le maréchal Daun s'avança, et vint se camper proche de l'armée du Roi. Un détachement couvrait son flanc à Buchwald; sa droite s'appuyait à Cannewitz, d'où la ligne prenait par Belgern, Wurschen, Drehsa, en forme de demi-cintre convexe, par Grubschütz et Strehla; sa réserve prit le poste de Hochkirch. Quelque formidable que fût l'aspect de ces troupes, les Prussiens en avaient