<216>On forma l'arrière-garde sur la hauteur du moulin à vent, d'où l'on prit par Leichnam, Jeschnitz, tournant entièrement la droite de l'ennemi; ensuite on se porta sur Weigersdorf, et de là sur Ullersdorf, où l'armée campa. M. de Möhring, qui avait eu l'avant-garde du bagage, surprit près d'Ullersdorf trois cents cavaliers autrichiens, dont peu se sauvèrent, et la colonne du Roi ayant donné proche de Weigersdorf sur un bataillon de pandours qui ne se croyait pas exposé à l'ennemi, ce bataillon fut totalement détruit.
Le lendemain 26, l'armée devança le jour, pour gagner Görlitz avant le maréchal Daun. L'avant-garde, composée de hussards et de dragons, y arriva la première; elle trouva d'abord un corps de cavalerie posté derrière un défilé du côté de Rauschwalda; il n'était pas possible de l'attaquer dans cette position avantageuse; on fit, en escarmouchant, ce que l'on put pour l'engager à combattre, mais inutilement. On apprit enfin par un transfuge que c'était le corps des carabiniers et grenadiers à cheval, commandé par un général espagnol, nommé d'Ayasassa, et sur cet éclaircissement, on résolut de choquer la fierté espagnole, pour engager ce général à passer le défilé et à se laisser battre; pour cet effet, des hussards lui montrèrent, en se tournant, des parties que la bienséance demande que l'on cache devant le public. A peine quelques hussards lui eurent-ils présenté ce spectacle, que, ne pouvant plus y tenir, il passa le défilé en fureur, et fondit sur ceux dont il se croyait insulté. Aussitôt les dragons le chargèrent, et culbutèrent sa troupe dans le même défilé qu'il avait passé avec tant d'imprudence. Il y perdit huit cents hommes, que les Prussiens firent prisonniers; d'Ayasassa se sauva sous la montagne de Landeskrone, où le prince de Durlach venait d'arriver avec la réserve qu'il commandait. L'infanterie de l'avant-garde prussienne arriva en même temps; on s'en servit pour s'emparer de Görlitz, qui se rendit sans grandes difficultés. L'armée du Roi y appuya sa gauche; sa droite fut poussée à Gierbigsdorf et Ebersbach. Ce flanc était couvert par un ruisseau bourbeux qui coule dans un fond dont le revers du côté des Prussiens était escarpé. Les Autrichiens arrivèrent l'après-midi; le maréchal Daun étendit son armée derrière la Landeskrone, d'Ossig vers