<227>l'investiture de ce duché. Le nouveau duc alla à Pétersbourg, pour remercier l'Impératrice de cette faveur. Ce prince inquiet et ardent se mêla de toutes les intrigues de la cour; des procédés grossiers, des manières fières et dédaigneuses le brouillèrent avec le grand-duc et son épouse; il s'attira leur inimitié, et cette haine le perdit dans la suite.
Tandis que l'impératrice de Russie donnait des duchés et s'appropriait des royaumes, elle n'était pas elle-même sans appréhension : elle craignait que les Anglais, alliés des Prussiens, et mécontents des procédés que les Russes avaient eus envers eux dès le commencement de la guerre, n'envoyassent une flotte dans la Baltique, pour brûler le port de Kronschlot. Pour prévenir de pareilles entreprises, ses ministres négocièrent un traité d'association avec les couronnes de Suède et de Danemark, afin d'interdire le passage du Sund aux flottes étrangères. Cette convention, où les Suédois trouvaient leur compte, et où les subsides de la France obligeaient les Danois de se conformer, fut promptement conclue entre ces trois puissances. L'Angleterre ne s'embarrassait guère des mesures que prenaient les puissances du Nord pour défendre à ses escadres l'entrée de la Baltique; elle dominait sur l'Océan et sur toutes les autres mers, sans s'embarrasser de la Baltique ni du Sund. Ses amiraux Boscawen et Amherst avaient pris Cap-Breton; le sieur Keppel s'était rendu maître de l'île de Gorée sur les côtes d'Afrique. Les Indes leur offraient des conquêtes; les côtes du Danemark, de la Suède, de la Russie, aucune.
Ces grands progrès des Anglais ne soulageaient point le Roi du fardeau qu'il portait, et des risques que sa couronne avait à courir. Il avait demandé en vain aux Anglais une escadre pour couvrir ses ports de la Baltique, menacés par les armements des flottes russes et suédoises. Cette nation heureuse et fière méprisait ses alliés, qu'elle regardait comme des pensionnaires, uniquement attachée aux avantages de son commerce. Tout ce qui n'était pas relatif à cet objet, ne la touchait guère. Ainsi la guerre d'Allemagne et les intérêts du Roi n'entrèrent jamais en considération dans le parlement, ni chez ce peuple dédaigneux, qui méprise tout ce qui n'est pas anglais. Ils étaient si mauvais alliés, que le Roi les trouvait même dans son chemin dans des négo-