DISPOSITION TESTAMENTAIRE. AU PRINCE HENRI.
Mon très-cher frère,
Je vous prie de me garder le secret le plus absolu sur tout ce que cette lettre comprend, qui n'est que pour votre direction seule.
Je marche demain contre les Russes; comme les événements de la guerre peuvent produire toutes sortes d'accidents, et qu'il peut m'arriver facilement d'être tué, j'ai cru de mon devoir de vous mettre au fait de mes mesures, d'autant plus que vous êtes le tuteur de notre neveua avec une autorité illimitée.
1o Si je suis tué, il faut sur-le-champ que toutes les armées prêtent le serment de fidélité à mon neveu.
2o Il faut continuer d'agir avec tant d'activité, que l'ennemi ne s'aperçoive d'aucun changement dans le commandement.
3o Voici le plan que j'ai actuellement : de battre les Russes à plate couture, s'il est possible; de renvoyer sur-le-champ Dohna contre les Suédois, et pour moi, de retourner avec mon corps, soit contre la Lusace, si l'ennemi voulait pénétrer de ce côté-là, soit de rejoindre l'armée, et de détacher six ou sept mille hommes en Haute-Silésie, pour rechasser de Ville qui l'infeste; pour vous,
a Frédéric-Guillaume II du nom comme roi. Voyez t. III, p. 90, et ci-dessus, p. 252.