<83>recours aux pièces originales, qui se trouvaient encore dans les archives de Dresde. Le Roi donna des ordres pour qu'on les saisît; elles étaient toutes emballées et prêtes à être envoyées en Pologne : la Reine, qui en fut informée, voulut s'y opposer; on eut bien de la peine à lui faire comprendre qu'elle ferait mieux de céder par complaisance pour le roi de Prusse, et de ne point se roidir contre une entreprise qui, quoique moins mesurée qu'on le voudrait, était cependant la suite d'une nécessité absolue. Le premier usage qu'on fit de ces archives fut d'en donner l'extrait connu du public sous le titre de Pièces justificatives.a
Pendant que cette scène se passait au château de Dresde, les troupes prussiennes et saxonnes demeuraient dans l'inaction, le roi de Pologne s'amusant avec l'espérance des secours autrichiens qui devaient lui venir, et le roi de Prusse ne pouvant rien entreprendre contre un terrain vis-à-vis duquel le nombre des troupes et la valeur devenaient inutiles. Il ne sera pas hors de propos, pour l'intelligence des événements que nous aurons à rapporter dans la suite, que nous entrions dans un détail circonstancié sur le fameux camp de Pirna, et de la position que les troupes saxonnes y occupaient. La nature s'était complu, dans ce terrain bizarre, à former une espèce de forteresse à laquelle l'art n'avait que peu ou rien à ajouter. A l'orient de cette position coule l'Elbe entre des rochers qui, en rétrécissant son cours la rendent plus rapide; la droite des Saxons s'appuyait à la petite forteresse de Sonnenstein près de l'Elbe; dans un bas-fond, au pied de ces rochers, est située la ville de Pirna dont le camp prend son nom; le front, qui fait face au nord, s'étend jusqu'au Kohlberg, qui fait comme le bastion de cette courtine; devant règne un ravin de soixante à quatre-vingts pieds de profondeur, qui de là tournant vers la gauche entoure tout le camp, et va aboutir au pied
a Le titre porte : Mémoire raisonné sur la conduite des cours de Vienne et de Saxe, et sur leurs desseins dangereux contre Sa Majesté le roi de Prusse, avec les pièces originales et justificatives qui en fournissent les preuves. Berlin, 1756, chez Chrétien-Frédéric Henning, imprimeur du Roi, 44 et 36 pages in-4. Une autre édition in-4 de ce Mémoire raisonné porte A Berlin, chez Chrétien-Frédéric Henning, imprimeur du Roi, 1756; elle est, à quelques différences typographiques près, tout à fait semblable à la première édition, tant pour le contenu que pour le nombre des pages.