<88>de la cavalerie en deux troupes, dont chacune paraissait être de cinq escadrons. Sur cela, on déploya l'armée : une colonne d'infanterie se forma par la droite, l'autre par la gauche; la cavalerie se mit en seconde ligne; car le terrain, se trouvant trop étendu pour la petite armée du Roi, l'obligea d'employer vingt bataillons pour sa première ligne, de sorte qu'il ne lui en resta qu'une réserve de quatre. Les autres se trouvaient ou à la garde des magasins, ou bien en détachements. Le champ de bataille sur lequel les troupes du Roi se formèrent, allait en s'élargissant par la gauche. Le penchant des montagnes vers Lowositz est couvert de vignes divisées en petits enclos de pierre à hauteur d'appui, qui distinguent les limites des propriétaires : M. de Browne avait farci ces enclos de pandours, pour arrêter les Prussiens; ce qui fit qu'à mesure que les bataillons de la gauche se formaient, ils s'engageaient avec l'ennemi aussitôt qu'ils entraient en ligne. Cependant ce feu était mal nourri, et comme les pandours ne faisaient pas une résistance vigoureuse, l'on se confirma dans l'opinion où l'on était, que ce détachement qu'on avait vu la veille campé dans ces environs, se préparait à la retraite, et que les pandours qui tiraillaient dans ces vignes, et les troupes de cavalerie répandues dans la plaine, étaient destinés à faire l'arrière-garde des autres : cela paraissait d'autant plus plausible, que l'on ne découvrait aucune trace d'une armée. On se trompait beaucoup dans ces suppositions; car les premières troupes qu'on avait vues à Lowositz, étaient l'avant-garde de M. de Browne. Les Autrichiens ignoraient la marche de l'armée du Roi, et n'en furent informés qu'en la voyant déboucher de Welmina; le maréchal Browne en fut averti par son général commandant son avant-garde; sur quoi, la nuit même il vint le joindre avec son armée à Lowositz.

Le brouillard dont nous avons parlé, dura jusque vers les onze heures, et ne se dissipa tout à fait que lorsque l'action fut près de finir. En supposant toujours qu'on n'avait affaire qu'à une arrière-garde, on fit tirer quelques volées de canon contre la cavalerie autrichienne; ce qui l'inquiéta et la fit changer de position et de forme à plusieurs reprises : tantôt elle se mettait en échiquier, quelquefois sur trois lignes, puis en ligne contiguë;