<90>avait fait filer vingt bataillons derrière Lowositz, qui s'étant glissés successivement le long de l'Elbe, vinrent soutenir les pandours qui se battaient dans les vignes, et tâchèrent même de tourner le flanc gauche des Prussiens. L'infanterie les repoussa vigoureusement; elle força les enclos des vignes les uns après les autres, et descendant dans la plaine, elle poursuivit quelques bataillons ennemis, qui de frayeur se précipitèrent dans l'Elbe; une autre troupe de fuyards se jeta dans les premières maisons de Lowositz, faisant mine de s'y défendre; alors quelques bataillons de la droite furent détachés, pour renforcer la gauche de sorte que la gauche des Prussiens s'appuyât à l'Elbe, et dans cette disposition elle s'avança fièrement d'un pas déterminé sur Lowositz, sans que la droite de l'armée du Roi quittât la hauteur où elle était appuyée. Les grenadiers tirèrent dans les maisons par les portes et les fenêtres; ils y mirent enfin le feu, pour achever plus vite; et quoique ces troupes eussent consumé toute leur poudre, cela n'empêcha pas que les régiments d'Itzenplitz et de Manteuffel n'entrassent dans Lowositz la baïonnette baissée, et ne forçassent neuf bataillons tous frais que M. de Browne y avait envoyés, à leur céder la place et à prendre honteusement la fuite. Alors toutes les troupes de l'ennemi qui avaient combattu dans cette partie, lâchèrent le pied, et cédèrent la victoire aux Prussiens.
Le Roi ne put pas profiter de ce succès autant qu'il l'aurait souhaité, parce qu'il n'avait proprement battu que l'aile droite des Impériaux : ils occupaient encore le village de Sulowitz, et comme leur gauche se trouvait postée derrière le fossé dont nous avons parlé, ils ne donnèrent point prise à la cavalerie prussienne. En même temps, M. de Browne fit faire un beau mouvement à ses troupes : il fit avancer quelques brigades de sa gauche qui n'avaient point combattu, dont il se servit pour couvrir ses troupes débandées, qui sortaient de Lowositz et s'enfuyaient en grand désordre. Il se retira la nuit, et fit occuper Leitmeritz par un détachement qui rompit le pont de l'Elbe qu'il avait devant soi. Le maréchal avec le gros de son armée reprit son camp de Budin, et détruisit tous les ponts de l'Éger, pour en interdire le passage aux Prussiens. L'armée du Roi perdit en morts et blessés