<91>douze cents hommes à ce combat; MM. de Quadt et de Lüderitz,a tous deux généraux de bataille, y furent tués;b on ne fit que sept cents prisonniers à l'ennemi, parmi lesquels un prince Lobkowitz, général des Impériaux : si la cavalerie avait pu être employée sur la fin de l'action, le nombre des prisonniers aurait été bien plus considérable.
Le prince de Bevern fut détaché le lendemain avec huit mille hommes à Tschischkowitz, village situé à la droite de la position du Roi, à demi-chemin de Budin. Le prince envoya de son camp des partis le long de l'Éger, pour en reconnaître les passages, mais plus encore pour donner de l'attention et causer de la jalousie à M. de Browne, afin de le contenir par ces démonstrations, et l'empêcher de penser à secourir le roi de Pologne et les troupes saxonnes. L'armée de Bohême s'en tint là; trop faible pour rien entreprendre contre l'ennemi, elle se contenta de l'observer. Le Roi ne pouvait effectivement point agir offensivement. Pour donner de vraies jalousies à M. de Browne, il fallait passer l'Éger, et si on le faisait, le détachement des Impériaux de Leitmeritz, se trouvant à dos des Prussiens, était à portée de leur enlever leur magasin d'Aussig; de plus, en passant l'Éger on s'éloignait trop de sa ligne de défense, et l'on se mettait hors de portée d'envoyer en Saxe de prompts secours. Si l'on se déterminait à prendre Leitmeritz, loin de gagner par là, on se trouvait dans un plus grand embarras, parce qu'on s'affaiblissait par la garnison que demandait cette Aille, et que, ne pouvant pas garnir les hauteurs qui l'environnent et qui la dominent, on aurait exposé cette garnison à être enlevée sitôt que l'ennemi eût entrepris sur elle.
a David-Hans-Christophe de Lüderitz. Voyez t. III, p. 186.
b Le Roi ne fait mention ni du général-major Henning-Ernest d'Oertzen, ni du lieutenant-général François-Ulric de Kleist, qui furent blessés mortellement à Lowositz. Il a passé également sous silence le major de Moller, que nous trouvons mentionné avec éloge dans la Lettre de Sa Majesté le roi de Prusse à Son Excellence M. le maréchal comte de Schwerin, en date du 2 d'octobre 1756 (7 pages in-4, imprimées en 1756, sans lieu d'impression). Le Roi s'exprime ainsi : « Moller, de l'artillerie, a fait des merveilles, et m'a prodigieusement secondé. » Charles-Frédéric de Moller fut promu au grade de colonel le 11 mars 1757, et mourut à Freyberg le 8 novembre 1762. En récompense de sa belle conduite à la bataille de Lowositz il fut nommé lieutenant-colonel et décoré de l'ordre pour le mérite.