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III. LETTRE DU ROI DE POLOGNE A SA MAJESTÉ LE ROI DE PRUSSE.

Struppen, le 10 septembre 1756.

J'ai, avec toute la complaisance possible, été au-devant de tout ce que Votre Majesté a équitablement pu prétendre de moi : j'ai, dès la première proposition qui m'a été faite par l'ambassadeur de Votre Majesté résidant à ma cour, envoyé le général de Méagher, tant pour l'assurer de ma parfaite neutralité, que pour accorder à ses troupes et à son artillerie un libre passage par mes États vers la Bohême, et pour apprendre en même temps de Votre Majesté en quoi devaient consister les sûretés exigées à cet effet; de plus, j'ai fait renouveler par l'ambassadeur de la Grande-Bretagne274-a ces offres plus en détail, sans en avoir jamais reçu une déclaration positive de la part de Votre Majesté; j'ai enfin, par une lettre que le comte de Salmour lui a présentée, indiqué les raisons qui m'ont porté à me rendre à mon armée. Après une telle conduite de ma part, j'aurais dû me flatter, ainsi que l'envoyé de la Grande-Bretagne me l'avait fait espérer, que Votre Majesté daignerait envoyer quelqu'un de qui je pusse apprendre quelles sont ses intentions et ses véritables prétentions. Cependant plusieurs journées se sont écoulées, sans que je sois éclairci sur cet article. Il n'aurait tenu qu'à moi de me retirer avec mon armée en Bohême, pour la mettre en sûreté; j'aurais aussi pu <242>prêter l'oreille à diverses propositions que j'ai toujours rejetées. Malgré cela, j'ai persisté de demeurer ici, dans la ferme persuasion où j'étais que les conditions que Votre Majesté pourrait exiger de moi, seraient toujours conformes à la paix qui règne entre nous, et aux assurances d'amitié dont ses lettres sont remplies, et suivant lesquelles elle demande simplement une sûreté suffisante que je n'entreprendrai rien contre elle, et que je lui céderai le libre usage de l'Elbe. Je m'offre d'accorder à Votre Majesté ces deux points, avec toutes les assurances qu'elle pourra convenablement exiger de moi; mais il est temps de s'expliquer clairement là-dessus; et c'est à cette fin que j'envoie le comte de Bellegarde, mon lieutenant-général et gouverneur de mon prince, qui aura l'honneur de présenter cette lettre à Votre Majesté. Je la prie de se découvrir à lui de façon à pouvoir établir une parfaite harmonie entre nous. Votre Majesté peut être persuadée que j'y contribuerai autant qu'il me sera possible : mais aussi toute prétention outrée ne saurait que me pousser à bout, et mon armée est bien disposée à sacrifier, en cas d'attaque, jusqu'à la dernière goutte de son sang.


274-a Lord Stormont.