<110>celle du Main, que commandait M. de Broglie, devait pénétrer par Göttingue dans l'électorat de Hanovre. M. Loudon était destiné par la cour de Vienne pour faire une guerre de siéges en Silésie, où il devait être appuyé par les Russes. Ceux-ci devaient porter leurs forces principales sur la Warthe, où ils avaient choisi Posen pour leur position centrale; de là M. de Buturlin devait agir en Silésie selon qu'il en conviendrait avec les généraux autrichiens, tandis que M. de Romanzoff, avec un gros détachement épaulé des flottes russe et suédoise, fut destiné pour assiéger Colberg. Le maréchal Daun se réserva pour les coups décisifs. Son armée était comme le magasin d'où devaient partir les renforts aux endroits qui en auraient besoin. Il détacha effectivement M. O'Donnell avec seize mille hommes pour Zittau, d'où ce général se trouvait également à portée de la Saxe et de la Silésie.
De la part du Roi et de ses alliés, il était impossible de prendre des mesures suffisantes pour s'opposer solidement aux desseins et aux efforts de cette multitude d'ennemis. Voici néanmoins en gros les arrangements dont on convint. Le prince Ferdinand destina le Prince héréditaire pour couvrir le pays de Munster contre les entreprises de M. de Soubise; et il prit pour point capital Paderborn, où il se trouvait avec son armée à portée de soutenir le Prince héréditaire, ou bien de tomber à dos de M. de Broglie, si ce maréchal hasardait de passer le Wéser et de s'aventurer dans l'électorat de Hanovre. Le Roi confia l'armée de Saxe au prince son frère, et lui recommanda d'observer le maréchal Daun; en cas que ce maréchal prît le chemin de la Silésie, de le suivre avec une partie de ses troupes, et de laisser à son départ M. de Hülsen à Meissen avec un détachement, pour qu'il se soutînt en Saxe autant que les conjonctures le permettraient. Le Roi se réserva la défense de la Silésie; il choisit M. de Goltz pour couvrir Glogau avec un corps de douze mille hommes. Le prince de Würtemberg, qui avait hiverné dans le Mecklenbourg, fut destiné, avec les troupes qu'il commandait, à couvrir la ville de Colberg, et l'on fit travailler avec diligence au camp retranché qu'il devait occuper à l'entour de cette place. L'on prévoyait que si les Russes manquaient ce siége, ils pourraient se porter, ou sur la Marche électorale, ou vers la Silésie. Dans le premier cas, il fut arrêté