<113>Il n'y avait que peu de jours que le Roi était au camp de Pülzen, lorsque M. Loudon déboucha des montagnes, vis-à-vis des Prussiens, par la gorge de Steinkunzendorf. Cette manœuvre malhabile et grossière découvrit tous ses desseins, et il semblait déclarer ouvertement qu'il en voulait à la forteresse de Neisse. L'armée du Roi partit dès le lendemain, et occupa les hauteurs de Siegroth; et comme on avait vu que les Autrichiens prenaient le chemin de Frankenstein, on résolut, pour les prévenir, de gagner avant eux les hauteurs de Munsterberg. En faisant cette marche, on trouva, le lendemain, M. Brentano posté entre Frankenstein et Heinrichau, d'où il avait jeté quelques pandours dans Munsterberg. Les volontaires de Courbièrea et les grenadiers de Nimschöffsky forcèrent la ville, et M. de Brentano, ayant été exposé à une canonnade assez vive, se retira à quelque distance du poste qu'il avait occupé. M. de Möhring, qu'on poussa sur les hauteurs de Nossen avec son régiment, y prit tout le campement de M. de Loudon, qui n'était couvert que par trois cents hussards. En postant l'infanterie sur ces hauteurs, le Roi découvrit du côté de Frankenstein l'armée autrichienne, qui, par des tournoiements et des manœuvres incertaines, donnait assez à connaître que ses desseins étaient dérangés.
L'intention de M. de Loudon avait été effectivement de prendre ce camp, pour couper le Roi de Neisse, et de se poster ensuite sur les hauteurs de Woitz, de Giessmannsdorf et de Neundorf, ce qui formait l'investissement de cette place de ce côté-ci de la rivière, tandis que les Russes, passant l'Oder à Oppeln, seraient venus la resserrer du côté de la Haute-Silésie, depuis Bila jusqu'à la Carclau.a L'armée du Roi ne s'arrêta que peu de temps à Nossen; elle poussa encore ce jour-là jusqu'à Carlowitz, et le lendemain, elle se déploya sur cette rangée de collines qui prend d'Ottmachau par Giessmannsdorf, et qui va jusqu'à Schilde. M. de
a Guillaume-René de l'Homme de Courbière naquit à Groningue en Hollande le 25 février 1733; en 1758, il fut nommé capitaine dans le corps franc de Mayr; la même année, major, et en 1760, chef du corps franc de Colignon. Le 4 juillet 1780, il devint général-major. Sa défense de Graudenz lui valut le grade de feld-maréchal, qu'il reçut le 22 juillet 1807. Il mourut à Graudenz le 23 juillet 1811.
a Probablement depuis Bielau jusqu'à Carlau.