<121>de Bunzelwitz et de Jauernick, et l'on y établit de grandes batteries, dont le feu croisé défendait le front par lequel M. Loudon aurait pu attaquer le Roi, de sorte que ces deux villages devenaient des préalables que les Autrichiens étaient obligés d'emporter avant que d'être à portée d'entamer l'armée. Entre ces deux villages, un peu en arrière, le front de l'infanterie était couvert par de grandes redoutes, munies d'une nombreuse artillerie. On avait pratiqué des passages entre deux, pour donner l'essor à la cavalerie, si on le trouvait nécessaire. Au delà de Jauernick, et en tirant derrière le Nonnenbusch, on avait retranché quatre collines qui dominaient sur tout le terrain, et devant lesquelles coulait un fossé bourbeux et impraticable, où l'on pouvait, par le feu des petites armes, empêcher l'ennemi d'établir des ponts. Plus à la droite, un grand abatis coupait le Nonnenbusch; il était défendu par des chasseurs et par des bataillons francs. Ce fossé bourbeux dont nous avons parlé, se recourbait derrière le bois, et au pied des collines sur lesquelles l'armée s'étendait. A l'extrémité de la droite commençait le flanc, qui, formant une ligne parallèle au ruisseau de Striegau, allait aboutir à un bois couvert par le défilé qui vient de Péterwitz. Dans ce bois, qui était à dos de l'armée, l'on avait établi une batterie masquée, qui communiquait derrière un abatis à une autre batterie qu'on avait placée à l'extrémité de ce même bois du côté de Neudorf, et de là reprenait un retranchement qui se joignait, à dos de l'armée, aux ouvrages qu'on avait faits sur la hauteur de Würben. Les retranchements avaient également partout seize pieds d'épaisseur, et les fossés, douze pieds de profondeur sur seize de largeur. Le front était environné de fortes palissades; les parties saillantes des ouvrages étaient minées. Devant les mines on avait creusé des trous à loup, et devant ces trous, des chevaux de frise contigus et pilotés en terre faisaient toute l'enceinte extérieure. L'armée du Roi était composée de soixante-six bataillons et de cent quarante-trois escadrons; quatre cent soixante pièces d'artillerie bordaient les différents ouvrages, et cent quatre-vingt-deux mines chargées étaient prêtes à sauter au premier signal qu'on en donnerait.

Ces travaux n'avaient pas eu le temps d'être tout à fait perfectionnés, que M. de Buturlin parut à la tête de ses Russes. Il