<123>jour, parce que le camp était d'une force infinie; mais il y avait beaucoup à appréhender de nuit, à cause de la grande proximité des armées. Il n'était d'ailleurs guère apparent qu'il arrivât du malheur aux Prussiens, à moins que M. de Loudon, favorisé des ténèbres et de l'obscurité, ne surprît une partie du camp où les troupes, ensevelies dans le sommeil, n'eussent pas le temps d'accourir à la défense. Pour prévenir une pareille catastrophe, on faisait détendre les tentes tous les soirs, et l'armée, en bordant les retranchements, passait les nuits au bivouac. D'une autre part, le voisinage où M. de Loudon était de Schweidnitz par les postes de Cammerau, de Schönbrunn et de Bögendorf, qu'il occupait, obligea le Roi à faire un détachement intermédiaire entre Schweidnitz et l'armée, soit pour secourir cette place en cas de besoin et d'attaque, soit pour couvrir les convois de l'armée, qui tirait uniquement son pain, son fourrage et ses subsistances de cette forteresse. M. de Gabelentza se porta, à cette fin, avec un détachement de quelques bataillons, au delà de Tunkendorf, où sa droite se trouvait protégée par les batteries du camp, sa gauche, par l'artillerie de Schweidnitz, et où il assura encore davantage sa position par de bons retranchements dont il couvrit son front. Le même jour, les officiers généraux reçurent la disposition de la défense du camp, et de la manière dont chacun avait à se conduire dans la partie dont il avait le commandement.
Quelque étendue qu'eût le terrain que l'armée prussienne occupait, on avait trouvé le moyen de le réduire à trois points d'attaque. Le premier était entre les villages de Bunzelwitz et de Jauernick. Le Roi se proposa de le défendre lui-même contre M. Loudon, qui avait construit son approche ou son retranchement de ce côté-là. Il était impossible aux Autrichiens de laisser ces villages fortifiés derrière eux, et de percer au centre, parce qu'ils auraient eu un feu considérable d'artillerie à essuyer sur leurs deux flancs. Il fallait donc présumer qu'ils s'attacheraient avant toute chose à emporter un de ces deux postes. Le Roi résolut de les y laisser se morfondre, et de ne lâcher sur eux sa cavalerie qu'après qu'ils auraient fait une perte considérable. On
a George-Charles-Gottlieb von der Gabelentz, né en Thuringe l'an 1708, devint en 1758 général-major et chef du régiment d'infanterie no 40.