<124>pouvait d'ailleurs rafraîchir ces villages de troupes avec des corps frais d'infanterie, autant qu'on le jugerait à propos, sans compter que soixante pièces de canon des ouvrages latéraux en défendaient l'abord. Le second point d'attaque était entre le village de Tschechen et le bois sur notre flanc droit : M. de Zieten y commandait. Les Russes, qui campaient vis-à-vis de lui, se seraient probablement chargés de cette entreprise. Pour arriver aux Prussiens, ils étaient obligés de passer le ruisseau de Striegau sous le feu de la mousqueterie et du canon de nos retranchements. Ils auraient perdu leur meilleure infanterie à ce passage, sans compter les obstacles multipliés qui leur restaient à vaincre pour s'approcher des retranchements, de sorte que quelques charges de cavalerie que M. de Zieten eût fait faire à propos, auraient suffi pour les dissiper. Le troisième point d'attaque se trouvait du côté de Péterwitz et du défilé qui couvrait cette partie du camp prussien. M. de Ramin défendait cette partie, et l'attaque aurait roulé, selon les apparences, sur MM. de Czernichew et de Brentano, parce que leurs détachements se trouvaient le plus à portée. Il fut résolu de laisser paisiblement avancer l'ennemi jusqu'au défilé de Péterwitz, où il était pris en flanc par la batterie masquée du bois, qui pouvait lui lâcher des bordées entières de mitraille; après quoi M. de Platen avait ordre de lui tomber à dos avec quarante escadrons, et, pour cet effet, on lui avait pratiqué un chemin au travers du bois, par lequel il devait déboucher.
La plus grande force de ce camp consistait en ce qu'il privait les ennemis de trois armes qu'il conservait toutes aux Prussiens. Les assaillants ne pouvaient pas se servir de canons, parce que tous les environs du retranchement étant dans un terrain infiniment plus bas que celui sur lequel il était construit, leur artillerie aurait tiré sans aucun effet; ils ne pouvaient pas se servir non plus de leur cavalerie, car pour peu qu'ils l'eussent montrée, elle aurait été abîmée par le feu des batteries; et qu'auraient-ils fait du feu des petites armes? auraient-ils tiré contre des canons à coups de fusil? pouvaient-ils arracher des chevaux de frise et abattre des palissades en tirant? Comme tout cela se trouvait impossible, on pouvait s'assurer d'avoir profité dans cette position de tout l'avantage que le terrain joint à la fortification peut