<138>Le maréchal Daun continua de demeurer dans l'inaction jusqu'à ce que la campagne s'ouvrit en Silésie; il se borna alors à ôter toute communication directe aux deux armées prussiennes; il détacha M. de Lacy, qui passa l'Elbe et se posta au village de Döbritz, proche de Grossenhayn. Le maréchal Daun y gagna que les courriers prussiens furent obligés de prendre de plus grands détours pour rendre leurs dépêches avec sûreté. L'inconvénient qui en résultait, n'était pas de conséquence; mais il en pouvait résulter un autre plus considérable : c'était que si le maréchal Daun avait entrepris de marcher en Silésie, S. A. R., ne pouvant passer l'Elbe que plus bas, perdait au moins une marche, et aurait trouvé dès son passage M. de Lacy vis-à-vis d'elle, qui lui aurait rendu la traversée de la Lusace difficile. Le Prince supposa un autre dessein au maréchal Daun : il crut que le mouvement que M. de Lacy venait de faire, avait pour but de joindre son corps avec les Russes, ou de l'employer à quelque nouvelle incursion dans la Marche électorale. Il n'était pas possible que le Prince s'opposât à tant de choses à la fois; il se contenta d'envoyer M. de Röella avec une troupe de hussards à Torgau pour observer de là les mouvements de M. de Lacy et en faire son rapport. S. A. R., pour se mettre en état de prévenir les desseins de l'ennemi sur la capitale, fit cantonner une partie de ses troupes entre Strehla et Limbach, par où elle gagna une marche d'avance, en cas qu'il fallût penser à couvrir Berlin. Ces troupes, cachées au maréchal Daun, pouvaient servira faire à la dérobée des détachements dont il était bien difficile que l'ennemi fût instruit. L'occasion ne tarda pas à s'en présenter. M. de Kleefeld avec un corps des cercles s'était avancé à Penig. Le Prince envoya M. de Kleist pour l'obliger à quitter ce poste. A peine fut-il chassé, qu'il revint, pour se faire expédier la seconde fois comme la première.
Dans ces temps, le Roi était si occupé avec les Autrichiens et les Russes, qu'à peine avec toutes ses troupes pouvait-il se soutenir contre la supériorité de ses ennemis. Le prince son frère
a Christophe-Maurice de Röell, colonel et commandeur du régiment des hussards de Malachowski, no 7, se retira du service le 5 décembre 1763, avec le grade de général-major. Il était frère de celui dont il a été fait mention t. III, p. 182.